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Grave mais pas désespéré Salon-de-Provence Temple 08/05/2020 - Antonio Vivaldi : Sonates pour violoncelle et basse continue, RV 40 et RV 43
Gioachino Rossini : Duetto pour violoncelle et contrebasse
Julius Goltermann : Souvenirs de Bellini Aurélien Pascal (violoncelle), Olivier Thiery (contrebasse)
Alors que tant d’autres n’ont pu relever le défi, ou ne l’ont relevé qu’en partie, le Festival international de musique de chambre de Provence (autrefois «Musique à l’Empéri») fait belle figure: Emmanuel Pahud, Paul Meyer et Eric Le Sage, fondateurs et directeurs musicaux de la manifestation, ont réussi à mettre sur pied, du 31 juillet au 8 août, une vingt-huitième édition qui n’a pas grand-chose à envier aux précédentes: à raison de deux ou trois concerts par jour dans la cité de Nostradamus ou bien en l’abbaye Sainte-Croix, à quelques kilomètres dans la campagne environnante, la qualité n’a en rien baissé, s’agissant tant des artistes – ou plutôt des amis – invités que de l’originalité des programmes.
Les précautions désormais usuelles sont de mise – concerts courts ou sans entracte, espacement de rigueur, spectateurs masqués (même si certains s’en défont durant la représentation) – mais l’état d’esprit se veut résolument souriant, optimiste, volontaire et positif – ainsi de l’épigraphe au concert de 18 heures en ce mercredi: «les meilleurs solistes au monde sont à Salon, masqués, prudents et fous de joie».
Graves mais pas désespérés, en somme.
A. Pascal, O. Thiery (© Agence Aria)
A chaque concert son titre, et pour celui-ci, c’est «Badass»: libre à chacun de trouver ce qu’il y a d’hors norme, de teigneux ou même d’agressif dans ce duo inhabituel pour violoncelle et contrebasse – certes pas des moindres, Aurélien Pascal, quatrième prix au concours Reine Elisabeth en 2017, et Olivier Thiery, membre de l’Orchestre du Concertgebouw depuis 2008. Sans masques et partageant le même pupitre, ils ont d’abord choisi deux sonates pour violoncelle et basse continue de Vivaldi: après tout, même si ce n’est pas la manière la plus colorée de procéder, pourquoi ne pas réaliser l’accompagnement sous la forme d’une partie de contrebasse? Dans l’acoustique un peu brumeuse du temple de Salon, le violoncelliste se montre plus soucieux de souligner le caractère expressif et versatile de ces pages que de les confiner dans de stricts canons interprétatifs baroques.
Place ensuite à des œuvres conçues pour cette formation, avec d’abord le plaisant Duetto (1824) de Rossini, tout de virtuosité et de bonne humeur, où les partenaires rivalisent ou dialoguent tour à tour. Quant aux Souvenirs de Bellini (1849) de Julius Goltermann (1825-1876), qui fut notamment le maître de David Popper et le créateur du Trio avec piano de Smetana, c’est un pot-pourri de thèmes du compositeur italien, où les envolées belcantistes alternent avec les traits les plus brillants: certes pas un chef-d’œuvre mais une belle valorisation des timbres sombres.
Graves mais pas désespérés, en somme.
Le site du Festival international de musique de chambre de Provence
Le site d’Aurélien Pascal
Le site d’Olivier Thiery
Simon Corley
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