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L’énergie en do mineur

Oviedo
Claustro de la Universidad
08/06/2020 -  
Ludwig van Beethoven : Coriolan, opus 62
Felix Mendelssohn : Symphonie n° 1 en do mineur, opus 11

Oviedo Filarmonía, Lucas Macías (direction)


(© Stéphane Guy)


Le troisième concert du Filarmonía d’Oviedo a encore lieu dans le cloître de la vieille université, au centre de la ville, à deux pas de la cathédrale. Après avoir rempli son formulaire d’accès, on a tout le loisir, pendant que quelques instrumentistes s’échauffent devant les cent trente spectateurs admis dans l’enceinte, de prendre la mesure des impacts de balle qui l’ont ravagée durant la révolution de 1934 et l’on finit par penser à l’Innocent X vu par Diego Vélasquez et Francis Bacon à force d’observer la statue de l’archégète Fernando de Valdés Salas, à qui l’université doit son existence, assis dans son lourd fauteuil qu’on imagine recouvert de velours rouge.


Le chef, Lucas Macías, arrive enfin. Il présente très brièvement les œuvres, aucun programme n’étant distribué et la publicité du concert étant réduite au minimum. On observera avec un peu de tristesse une nouvelle fois que le programme, comme les précédents et les suivants au demeurant, ne comporte aucun compositeur espagnol et aucun auteur récent, sans parler d’auteurs contemporains bien sûr. Mais on ne boudera pour autant pas ces petits concerts, tant l’intention est louable et l’attente, après de nombreuses semaines de confinement, intense.


Le concert de ce jour est donc éminemment classique, pour tout public. Il s’ouvre avec une... ouverture: celle de Coriolan (1807) de Ludwig van Beethoven (1770-1827). On ne peut cacher une certaine déception. Tout est en place. L’interprétation ne manque pas d’énergie. Mais le rythme est si allant que ces pages héroïques deviennent plus symphoniques que dramatiques; elles perdent toute force. On croirait presque du Mendelssohn.


Suit d’ailleurs, sans pause comme d’habitude, la Première Symphonie (1824), également en do mineur, dudit Felix Mendelssohn (1809-1847), achevée alors qu’il n’avait que quinze ans. On entend beaucoup moins souvent cette œuvre de jeunesse que les Deuxième à Cinquième symphonies du même auteur et c’est bien dommage. L’orchestre révèle une belle unité, aucun pupitre n’étant à blâmer. Les cors, inégaux lors des précédents concerts, sont cette fois tout à fait à la hauteur. Tous participent pleinement à une réussite rendant pleinement justice à cette œuvre trop méconnue. Après un brillant premier mouvement déjà si typiquement mendelssohnien, où l’orchestre fait montre d’une légèreté juvénile des plus plaisantes, l’Andante n’est pas passionnant mais on se plaît à admirer les qualités des vents, notamment de la flûtiste, déjà repérée lors des concerts passés et qu’on regrette de ne pouvoir nommer. Dans l’Allegro molto suivant, on craint un moment que l’orchestre ne s’effondre dans une sorte de chute de tension, un passage à vide, mais c’est pour repartir de plus belle. Tout cela est très bien fait; l’orchestre a du métier. Et dans l’Allegro con fuoco final, aux pizzicatos et aux passages fugués bien maîtrisés, c’est une énergie communicative qui se déploie, démontrant qu’on a affaire à une symphonie méritant le détour et annonçant les chefs-d’œuvre ultérieurs et surtout à un orchestre qui a travaillé, sous la direction d’un chef de qualité, qui dirige tout de mémoire mais ne passe sur aucun détail, tout en étant sensible aux équilibres globaux.



Stéphane Guy

 

 

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