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Tellurique Paris
Théâtre national de Chaillot
03/06/2020 - et 7, 8*, 10, 11, 12, 13 mars 2020
Vessel
Damien Jalet (chorégraphie), Marihiko Hara, Ryüichi Sakamoto (musique)
Aimilios Arapoglou, Nobuyoshi Asai, Nicola Leahey, Ruri Mitoh, Jun Morii, Mirai Moriyama, Naoko Tozawa (danseurs)
Kohei Nawa (scénographie), Yukiko Yoshimoto (lumières)
(© Yoshikazu Inoue)
Est-ce un vaisseau spatial ou un pack de glace tombé d’un glacier en déglaciation? Sont-ce des batraciens ou des créatures entremêlées issus de la mythologie shintoïste Yomi? Est-ce un fond musical ou une mise en condition du corps à des vibrations grondantes venues de la profondeur des terres? Autant de questions que l’on peut se poser en assistant à la fascinante dernier création de Damien Jalet inspirée par Beckett en collaboration avec le plasticien japonais Kohei Nawa sur une musique de Marihiko Hara et Ryüichi Sakamoto.
On avait adoré l’an dernier sur la même scène Skid de Damien Jalet, danseur et ex-assistant de Sidi Larbi Cherkaoui pour des nombreuses chorégraphies au sein des Ballets C. de la B. Avec Vessel, créé en mai dernier au Théâtre national de Bretagne à Rennes, Jalet va encore plus loin. Car si Skid épatait par la performance des danseurs sur un plan acrobatique, Vessel nous touche au plus profond tant il plonge dans notre intimité et nous oblige au questionnement. Que penser de sept danseurs dont on ne voit à aucun moment le visage, évoluant en petits groupes génialement enchevêtrés pour évoquer les plus étranges et dérangeantes des créatures? Reptation, convulsions, saccades, parfois rythmées avec un humour au énième degré sur la merveilleuse musique tellurique de Marihiko Hara et Ryüichi Sakamoto, le compositeur du Dernier Empereur. Au début, dans l’obscurité complète, on pense à une variation de plus sur le butō mais il n’en est rien car, grâce aux fabuleux éclairages de Yukiko Yoshimoto, dès que l’on croit distinguer une forme, elle se change aussitôt en une autre et tient l’imagination en haleine une heure durant.
Chapeau à Damien Jalet, qui confirme qu’il est aujourd’hui dans le paysage accidenté de la danse contemporaine le plus passionnant des chorégraphes français.
Olivier Brunel
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