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Le phénomène

Paris
Maison de la radio
03/06/2020 -  
Claude Debussy: Images: 1. «Gigues» et 3. «Rondes de printemps»
Esa-Pekka Salonen: Concerto pour violoncelle
Jean Sibelius: Symphonie n° 1 en mi mineur, opus 39

Truls Mørk (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Radio France, Klaus Mäkelä (direction)


K. Mäkelä (© Heikki Tuuli)


Le Finlandais Klaus Mäkelä, âgé de 24 ans, est la nouvelle étoile montante de la direction d’orchestre. Il prendra en septembre la tête de l’Orchestre philharmonique d’Oslo (longtemps dirigé par Mariss Jansons) et est depuis quelques années déjà chef associé de l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise auprès de Daniel Harding.


Au programme ce soir, l’intelligente association de quelques extraits des Images de Debussy avec la Première Symphonie de Sibelius, encadrées par une œuvre d’un autre Finlandais, Esa-Pekka Salonen, chef réputé et compositeur revendiqué. Premier réjouissant constat: l’Auditorium de Radio France est presque plein car le jeune Mäkelä intrigue en même temps qu’il intéresse.


De manière non surprenante, le plus fascinant de ce programme fut une symphonie de Sibelius d’anthologie. La lecture proposée par Klaus Mäkelä est d’une étonnante maturité. Le chef vous attrape dès la première note et vous laisse ému et conquis à l’issue des pizzicati finaux. L’équilibre qu’il construit tout au long de son interprétation est souverain, alliant beauté et élégance des phrasés, équilibre et sens de la ligne. Les cuivres ne sont jamais envahissants, la petite harmonie rayonne (notamment le solo initial de clarinette de Jérôme Voisin), la sollicitation récurrente des traits des cordes enrichit la texture sonore, l’interaction constante entre les cordes et les vents (on pense notamment aux superbes bassons dans le deuxième mouvement et aux flûtes dans le final), tout participe à une circulation naturelle et concentrique de la musique, qui plus est sans aucun temps mort. Du très grand art.


On avouera avoir été un peu moins convaincu par les extraits des Images donnés au début de chacune des deux parties du concert, malgré une construction précise et à la fois transparente et lumineuse. Sans doute manquait-il ici un peu de mystère?


Le Concerto pour violoncelle de Salonen est servi par un interprète pour qui l’œuvre n’a plus de secret puisque Truls Mørk en fut le créateur en France, à Aix-en-Provence en 2019. Son engagement habituel et sa justesse absolue sont au rendez-vous. La direction efficace et rigoureuse de Klaus Mäkelä sert au mieux une musique complexe qui utilise l’amplification dans son deuxième mouvement et un percussionniste placé au-devant de la scène dans le mouvement final. Une interprétation concentrée de bout en bout qui recueille un net succès auprès du public.


Si l’an dernier les débuts de Klaus Mäkelä à l’Orchestre de Paris avaient déjà impressionné, le constat est identique ce soir: ce chef de 24 ans possède un talent hors du commun. L’Orchestre de Paris, qui cherche un directeur musical, devrait s’intéresser de près à ce chef avant que sa carrière ne se développe plus encore. Simon Rattle et Yannick Nézet-Séguin n’avaient-ils pas cet âge lorsqu’ils accédèrent pour la première fois à de telles fonctions?



Gilles Lesur

 

 

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