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Un sérieux défi

Tournai
Maisons romanes
02/15/2020 -  
Johann Sebastian Bach: Variations Goldberg, BWV 988 (arrangement François Meïmoun)
Quatuor Ardeo: Carole Petitdemange, Mi-Sa Yang (violon), Yuko Hara (alto), Joëlle Martinez (violoncelle)


(© Franziska Strauss)


Pour ce concert des « Voix intimes », le festival européen de quatuor à cordes de Tournai, le programme présente la particularité de ne pas comporter de quatuor, ni même d’œuvre composée pour cette formation, tout en respectant la thématique de cette édition, qui a débuté le 11 janvier. Des Variations Goldberg (1740), il existe une transcription de François Meïmoun (né en 1979), pour deux violons, alto et violoncelle, que le Quatuor Ardeo a enregistré en 2017 (Ibs Classical). Cet ensemble constitué en 2001 l’interprète à cette occasion dans le temple protestant situé dans les Maisons romanes.


Cet ouvrage qui exige une grande concentration, pour les musiciens comme pour les auditeurs, se suffit à lui-même, tant il parait difficile de l’introduire par une autre pièce, encore que François Meïmoun a arrangé pour le quatuor une autre composition pour clavier de Bach, la Toccata en ré mineur. Au terme d’une prestation de presqu’une heure et vingt minutes, le Quatuor Ardeo n’accorde pas de bis non plus, ce qui aurait gâché l’effet produit par le retour à l’Aria initiale, miraculeuse d’émotion et de simplicité. Le travail d’adaptation, absolument remarquable, préserve la diversité et la profondeur de cette musique, ainsi que la complexité et l’inventivité de son écriture, ce qui se perçoit dans le dialogue instrumental, certaines variations demeurant réservées à un duo ou à un trio. Cette transcription affiche probablement plus de rigueur et de fidélité que d’audace et de personnalité, mais elle mérite de figurer au répertoire des quatuors, pour lesquels elle constitue un défi sérieux, mais valorisant.


La prestation des musiciennes, les deux violonistes se plaçant, une fois n’est pas coutume, en vis-à-vis, affiche un niveau de jeu estimable et une belle sonorité, hormis l’un ou l’autre trait moins net ou précis. Caractérisant chaque variation avec justesse, le quatuor diversifie son jeu, peaufiné dans les détails, et construit rigoureusement cette exécution afin de lui conférer un aspect unitaire. Les tempi paraissent naturels, jamais précipités, même dans les passages énergiques, les archets se montrant capables d’autant d’ardeur que de finesse. Le concert laisse ainsi une forte impression de recueillement, de maitrise et de cohésion.


Des bruits parasites perturbent parfois l’écoute de cette œuvre qui nécessite le plus grand silence, mais il faut reconnaître que tout s’entend impitoyablement dans l’acoustique de cette église, parfaite pour la musique de chambre. A la fin du concert, le public se voit offrir un verre de Saison Dupont, en attendant le prochain rendez-vous de cette dix-huitième édition, le samedi 7 mars, cette fois au Centre de la Tapisserie: le Quatuor Bennewitz interprétera le Second Quatuor de Smetana, le Treizième Quatuor de Dvorák, ainsi que des pièces moins connues de Hans Krasa et Erwin Schulhoff.


Le site du Quatuor Ardeo



Sébastien Foucart

 

 

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