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Découverte vocale Vienna Staatsoper 01/09/2020 - et 12, 16, 19* janvier 2020 Richard Wagner : Lohengrin Ain Anger (Heinrich der Vogler), Klaus Florian Vogt/Piotr Beczala* (Lohengrin), Cornelia Beskow (Elsa von Brabant), Egils Silins (Friedrich von Telramund), Linda Watson (Ortrud), Boaz Daniel (Der Heerrufer des Königs)
Chor der Wiener Staatsoper, Extrachor der Wiener Staatsoper, Thomas Lang (chef de chœur), Bühnenorchester der Wiener Staatsoper, Balletakademie der Wiener Staatsoper, Komparserie der Wiener Staatsoper, Orchester der Wiener Staatsoper, Valery Gergiev/Michael Güttler* (direction musicale)
Andreas Homoki (mise en scène), Wolfgang Gussmann (décors et costumes), Franck Evin (lumières), Werner Hintze (dramaturgie)
C. Beskow (© Wiener Staatsoper/Michael Pöhn)
Valery Gergiev semble décidément avoir oublié (une fois de plus) que la ponctualité est l’une des qualités cardinales du chef d’orchestre. En retard d’une demi-heure lors de la précédente représentation, il est à nouveau absent (sous le prétexte d’un retard d’avion), forçant le directeur Dominique Meyer à venir sur scène fournir des explications au public et envoyer Michael Güttler comme remplaçant. Ce dernier affiche le profil idéal, à la fois connaisseur de la musique Wagner et habitué à couvrir les absences de dernière minute de Gergiev.
L’orchestre assure en tout cas bien plus que le service minimum, les cordes ne ménageant pas leur longueur d’archet pour créer un vaste espace sonore, les pupitres d’altos imprimant un expressivité émouvante aux voix intermédiaires; les cuivres, en fosse et en coulisse, sont somptueux, précis mais sans dureté. Michael Güttler reste un animal à sang froid, comptant sur la partition pour transmettre l'émotion, sans chercher à la surcharger; les grandes lames de fond wagnériennes ne sont pas forcément au rendez-vous mais la lecture est nette, sans fioriture, et la mise en place presque toujours sans histoire.
L’une des découvertes vocales ce soir se nomme Cornelia Beskow (Elsa), dont la fraîcheur innocente vient se superposer à une projection hors du commun; pas une seule molécule d’air ne se perd, lui permettant de délivrer les inflexions de son personnage jusque vers les derniers sièges de la salle. Et Dieu, quel sourire, qui vient illuminer avec une grâce communicative le dénuement de la mise en scène (quelques planches en bois, chaises et tables représentant une taverne, forçant ainsi l’attention sur les relations entre les personnages) . On assiste avec émotion à l'épanouissement de la sensualité de son personnage au cours du dernier acte. Tout juste note-t-on quelques crispations vocales transitoires, et on espère sa technique suffisamment solide pour surmonter l’exigence athlétique de tels rôles sur le long terme. Le Lohengrin de Piotr Beczala est, comme attendu, lumineux, élégant, expressif; il ose dans le deuxième acte un bel canto italianisant, et n’oublie pas les pianissimi qui viennent éclairer sa dévotion envers Elsa. Face à ce magnifique couple, Egils Silins (en Telramund, pour cette fois) et l’immanquable Linda Watson (Ortrud) assurent la réplique avec une grande richesse expressive. Les rôles du roi Henri (Ain Anger), et du Héraut d’armes (l’excellent Boaz Daniel) sont également délivrés avec subtilité.
Dominique Meyer revient sur scène, cette fois porteur de meilleures nouvelles: Linda Watson, Viennoise d’adoption, est en effet consacrée Osterreichische Kammersängerin.
Dimitri Finker
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