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A côté de la plaque

Baden-Baden
Festspielhaus
01/11/2020 -  et 9, 10 (Bamberg), 12 (München) janvier
Jan Václav Vorísek : Symphonie en ré majeur, opus 24
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 20 en ré mineur, K. 466
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 2 en ré majeur, opus 36

Hélène Grimaud (piano)
Bamberger Symphoniker, Jakub Hrůsa (direction)


H. Grimaud, J. Hrůsa (© Manolo Press/Michael Bode)


Jan Václav Vorísek, vous connaissez ? Au moins pour l’œuvre de piano de ce jeune tchèque contemporain et ami de Schubert, on peut s’y intéresser. Une musique d’un charme mélodique et d’un romantisme tempéré qui dépassent de loin la banalité de nombre de musiciens secondaires de l’époque. On recommandera par exemple les Impromptus et les Rhapsodies enregistrés par Radoslav Kvapil (Supraphon), d’une fréquentation tout à fait agréable et annonciateurs d’une possible maturité de style que malheureusement Vorísek, mort de tuberculose à l’âge de 34 ans, n’a pas eu le temps d’atteindre.


Pour ce qui est de la Symphonie en ré majeur, datée de 1821 et seule tentative orchestrale d’envergure de Vorísek, inscrite en début de concert par le chef tchèque Jakub Hrůsa peut-être à titre de solidarité patriotique, l’enthousiasme risque de paraître plus mesuré. Les formules d’esprit haydnien s’y enchaînent avec fluidité mais le fil conducteur manque de présence et on a trop souvent l’impression d’une juxtaposition d’idées sans suite. Peut-être faudrait-il aussi plus de fermeté de la part des Bamberger Symphoniker, qui ne paraissent pas dans un très bon soir, avec des cordes incertaines et un pupitre de cors qui multiplie les intonations douteuses. Vaille que vaille la symphonie progresse, mais on arrive au terme du dernier mouvement, un Allegro con brio qui lorgne conjointement vers Schubert et l’opéra italien, sans vraiment trouver de motif à se passionner. Le plus étrange est une évidente parenté avec Beethoven, du moins celui des Première et Deuxième Symphonies, mais à la réserve près qu’à chaque fois qu’un alliage de timbres ou une tournure font brièvement dresser l’oreille comme une réminiscence familière, en particulier dans l’Andante, il manque toujours ensuite le génie d’un Beethoven pour faire décoller le propos.


C’est justement la Deuxième Symphonie de Beethoven qui clôt le concert. Une belle idée, pour mettre les deux compositeurs en perspective voire réexplorer ce maillon injustement négligé du corpus beethovénien, mais qui en définitive ne fait qu'achever de marginaliser le pauvre Vorísek. Jakub Hrůsa dirige avec une belle énergie et une notable élégance, mais là encore la méforme de sa formation ne l’aide pas. Une phalange d’un bon niveau international pourtant, mais qui n’est peut-être plus dans un cycle d'excellence, avec d’assez nombreux titulaires en fin de carrière ou d’un rayonnement qui paraît seulement limité. C’est d’autant plus curieux que la saison dernière, Ma Patrie de Smetana par les mêmes faisait bien meilleure impression. Déception tardivement corrigée par la pétulante Ouverture des Noces de Figaro accordée en bis, menée par Hrůsa à un tempo très vif mais qui ne sème personne en route.


Que dans un tel contexte Hélène Grimaud ait choisi elle aussi Mozart n’étonne guère. Sur le papier c’est même très judicieux, au seul éventuel risque que le magistral Concerto en ré mineur monopolise l’essentiel de l’intérêt musical de la soirée. Or ce n’est pas du tout le cas, et malheureusement parce que le jeu d’Hélène Grimaud ne nous passionne jamais. La virtuosité est sans faille, la vélocité impressionnante, tempi bousculés que d’ailleurs chef et orchestre ont de la peine à suivre, mais on s’interroge vraiment sur l’utilité de jouer Mozart avec aussi peu de poésie. Les sonorités restent factuelles, grêles et percussives, ce qui laisse une bien trop faible marge de creusement expressif. Quant au triolet qui assure un rôle moteur si caractéristique dans le premier mouvement, à quoi bon le resserrer avec autant de brutalité ? Même la Romance paraît sans âme, effusion mélodique à peine marquée, comme par une diva tout à coup atteinte d’insuffisance respiratoire. Dès lors, voir Hélène Grimaud prendre des poses inspirées en jouant devient franchement gênant, car en contradiction totale avec la froideur rectiligne de ce que l’on entend. On éprouvait déjà cette même impression au disque, avec un enregistrement des Dix-neuvième et Vingt-troisième Concertos de Mozart chez DG qui paraissait sans aucune nécessité. Simple faux pas ? C’est ce que l’on espérait, au vu de l’envergure de la pianiste française. Mais cette fois, le ressenti est le même, voire pire. Un fourvoiement dans lequel il paraît inutile de persévérer.



Laurent Barthel

 

 

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