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Une Damnation pas vraiment d’enfer

Paris
Philharmonie
01/15/2020 -  et 16* janvier 2020
Hector Berlioz : La Damnation de Faust, opus 24
Paul Groves (Faust), Karine Deshayes (Marguerite), Ildebrando D’Arcangelo/Paul Gay* (Méphistophélès), Renaud Delaigue (Brander)
Chœur et Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris, Lionel Sow (chef de chœur), Orchestre de Paris, Tugan Sokhiev (direction)


P. Gay


On devait à l’origine entendre Karine Deshayes, Jean-François Borras et Ludovic Tézier. Mais ténor et baryton ont déclaré forfait, et Ildebrando d’Arcangelo n’a pas été au-delà du premier concert. Appelé à la rescousse, Paul Gay nous a justement offert le meilleur de la soirée, brûlant les planches de l’estrade, diable aux mots griffus, d’une noirceur, d’un sadisme absolus, d’une impeccable tenue vocale aussi – à peine regrette-t-on des aigus un peu tirés pour la Puce, des Roses pas assez nuancées. Pour Paul Groves, les années ont passé, durcissant une quinte aiguë parfois déstabilisée. Disons qu’il assure, avec des notes en voix mixte très appuyée au moment du duo d’amour, assez monolithique toutefois, faute de creuser le texte. De plus en plus falcon, Karine Deshayes accuse toujours des faiblesses au niveau du bas médium et du grave, ce qui compromet beaucoup la Chanson gothique, la Romance un peu moins. Dommage : le phrasé est très beau, dans l’esprit du grand style français. Brander n’a que sa Chanson du rat, mais Renaud Delaigue y excelle.


Tugan Sokhiev adopte une lecture assez ample, très maîtrisée et très unitaire, privilégie les couleurs sombres et les sonorités acérées – pour un peu, cela sonnerait parfois comme du Chostakovitch. On aime aussi l’attention portée à la clarté des lignes, dès un début où la direction souligne heureusement les contrechants. Il ne faut pas attendre du chef russe, en revanche, ce romantisme flamboyant qu’on associe souvent à La Damnation. On est aussi habitué, aujourd’hui, à plus de fluidité, à un Berlioz plus ancré dans son époque, alors que celui-ci se rapproche davantage de la fin du siècle. Si bien que, tout compte fait, à l’orchestre on préfère le chœur, celui des grands soirs.



Didier van Moere

 

 

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