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Sagesse et expérience Tournai Maison de la Culture 01/11/2020 - Joseph Haydn: Quatuor n° 78 «Lever du soleil», opus 76 n° 4
Dimitri Chostakovitch: Quatuor n° 1, opus 49
Ludwig van Beethoven: Quatuor n° 9, opus 59 n° 3 Fine Arts Quartet: Ralph Evans, Efim Boico (violon), Gil Sharon (alto), Niklas Schmidt (violoncelle)
R. Evans, E. Boico, G. Sharon, N. Schmidt
Les Voix intimes débutent déjà leur dix-huitième édition. La programmation de ce festival de quatuor de Tournai, qui se maintient courageusement, malgré la faible popularité du genre, permettra, jusqu’au 16 mai, d’écouter cinq formations, avec, pour fil conducteur, le thème de la variation. Même si l’association qui l’organise tient à inviter des jeunes quatuors, de vénérables ensembles figurent régulièrement à l’affiche, tels que, l’année passée, le Quatuor Borodine et, ce samedi, à la Maison de la Culture, le Fine Arts Quartet, de retour onze ans plus tard. Depuis lors, la formation américaine a changé de configuration, Gil Sharon et Niklas Schmidt l’ayant rejointe en 2018, tandis que Ralph Evans occupe toujours le poste de premier violon et Efim Boico celui de second depuis, respectivement, 1982 et 1983.
Le concert débute traditionnellement par un quatuor de Haydn, le Quatrième (1797) de l’Opus 76. Les caractéristiques du jeu du Fine Arts Quartet se remarquent dès l’Allegro, pris à une allure modérée. La sonorité parait fine, mais jamais maigre, parfois sèche, à moins que ce soit dû à l’acoustique, avec de temps à autre quelques pointes d’acidité, du moins dans le premier mouvement. Les interprètes veillent à la clarté de la mise en place et à l’équilibre entre les voix. A défaut d’un ton plus évocateur, le charme opère au fur et à mesure, et c’est bel et bien un quatuor sage et expérimenté qui s’exprime.
L’exécution du Premier Quatuor (1938) de Chostakovitch, qui succède naturellement à Haydn, captive davantage, par la justesse de l’expression et la tension perceptible en arrière-plan, en dépit de l’amabilité apparente de cette œuvre. La formation instaure un dialogue instrumental remarquable, dans le premier mouvement, par exemple, qui atteste de la netteté et de la régularité du violoncelliste et de l’altiste, ce dernier également merveilleux dans le second Moderato, tandis que le premier violon suscite à nouveau l’admiration par son jeu lumineux et direct.
En seconde partie, l’attention tend à se dissiper dans le Neuvième Quatuor (1807) de Beethoven, compositeur incontournable cette année. Le jeu demeure acéré et rigoureux, mais la relative sécheresse de la sonorité se manifeste, à nouveau, alors qu’elle convenait mieux à Chostakovitch, mais sans porter trop préjudice à cette interprétation remarquablement construite. Le souci de la transparence reste ainsi de mise, malgré la complexité de l’écriture. Les membres du quatuor parviennent à concilier vigueur et finesse, en montant progressivement en puissance, jusqu’à un dernier mouvement enthousiasmant, par son énergie parfaitement canalisée. Il faut reconnaitre, une fois de plus, le jeu net et imperturbable de l’altiste, la beauté du phrasé du violoncelliste, la droiture du premier violon, économe en vibrato, et le rôle crucial de pivot et de relai du second, un peu plus discret que ses partenaires. Remarquablement silencieux, le public a droit à deux autres pièces, que Ralph Evans annonce en français : le final du Quatuor «L’Alouette» de Haydn, également joué en bis en 2009, et un mystérieux menuet de Beethoven, sans autre précision.
Le prochain concert se tiendra le dimanche 2 février, à 16 heures, cette fois au Musée de la Tapisserie. Le Quatuor Simply, qui a remporté un grand prix au concours de Bordeaux l’année passée, jouera un autre quatuor de l’Opus 76 de Haydn, le Cinquième, ensuite le Troisième de Chostakovitch et enfin le Quatrième de Nielsen.
Le site des Voix intimes
Le site du Quatuor Fine Arts
Sébastien Foucart
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