Back
Impressionnant Paris Enghien-les-Bains (Ecole de musique et de danse) 12/07/2019 - Johann Sebastian Bach: Partita pour violon n° 2, BWV 1004: Chaconne (arrangement Brahms)
Johannes Brahms: Deux Rhapsodies, opus 79
Ludwig van Beethoven: Sonate pour piano n° 23 en fa mineur «Appassionata», opus 57 Marie-Josèphe Jude (piano)
M.-J. Jude
Pianomasterclub, sous la houlette dynamique de son président, Jean-François Mazelier et de son équipe, propose depuis 2017 des classes de maître pour de jeunes pianistes faisant leurs études dans les différents conservatoires à rayonnement régional. Occasion remarquable pour ces apprentis musiciens de rencontrer de grands pianistes et pédagogues de l’école française parmi lesquels se sont succédés Claire-Marie Le Guay, Pascal Amoyel, Claire Désert, Jean-Philippe Collard, Véronique Bonnecaze, Laurent Cabasso, Anne Queffélec, Jean-Claude Pennetier, Tristan Pfaff et Bruno Rigutto. Excusez du peu! La nouvelle saison 2019-2010 s’ouvrait avec la classe de Marie-Josèphe Jude, ponctuée par un concert à l’auditorium de l’Ecole de musique d’Enghien-les-Bains, où se déroulent ces rencontres.
Le critique et musicologue Stéphane Friédérich présentait allégrement le programme, mêlant anecdotes et commentaires des œuvres. Marie-Josèphe Jude donne toute l’ampleur et la puissance à la Chaconne de Bach. La transcription pour la main gauche, sciemment voulue par Brahms ainsi qu’il s’en explique dans une lettre à Clara Schumann – «Il y a une seule façon de retrouver la vérité de l’œuvre, c’est de la jouer pour la main gauche seule: le même genre de difficultés, le même style de technique, les effets arpégés, tout cela concourt à me donner une impression violonistique» – nous offre l’occasion d’apprécier la profondeur du jeu et le sens de l’architecture de l’interprète. Marie-Josèphe Jude prend le temps d’amples respirations, rend le discours très vivant, chante et phrase à souhait.
C’est avec une certaine objectivité que la pianiste aborde les Rhapsodies de Brahms. Jeu sobre, un rien détaché, quelque peu monochrome, dans lequel on ne retrouve pas toujours la passion ni l’intensité lyrique, l’esprit de ballade romantique, les tensions ni les confessions parfois déchirantes voulues par le compositeur.
Avec un très beau début, l’Appassionata nous accroche d’emblée. L’envergure du premier mouvement, ses contrastes, l’expression de sa fièvre, la plénitude de son second thème et un sens du discours puissamment affirmé nous plongent au cœur du drame. Plus scintillant et brillant que serein et contemplatif, l’Andante con moto n’apporte peut-être pas assez le contraste souhaité entre les orageux premier et troisième mouvements. Introduit par le cinglant et saisissant accord de septième diminuée, le finale est mené avec beaucoup d’ardeur, constamment tendu et puissant, comme une houle dévastatrice. Impressionnant.
En bis, Marie-Josèphe Jude donne de superbes éclairages et un bel espace sonore à «La Cathédrale engloutie» de Debussy sur un Steinway D qui s’est dévoilé à cette occasion.
Christian Lorandin
|