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Lifar en majesté

Toulouse
Théâtre du Capitole
10/23/2019 -  et 24, 25, 26*, 27 octobre 2019

Suite en blanc

Serge Lifar (chorégraphie, remontée par Stéphanie Roublod et Charles Jude), Edouard Lalo (musique)
Maurice Moulène (décors et costumes), Yves Bernard (lumières)


Les Mirages
Serge Lifar (chorégraphie, remontée par Monique Loudières et Kader Belarbi), Henri Sauguet (musique)
A.M. Cassandre (décors et costumes), Yves Bernard (lumières)
Ballet du Capitole
Orchestre national du Capitole de Toulouse, Philippe Béran (direction musicale)


Suite en blanc: N. de Froberville (© David Herrero)


C’est avec les deux principaux chefs-d’œuvre de Serge Lifar (1905-1986), Suite en blanc (1943) et Les Mirages (1947), que Kader Belarbi, qui dirige le Ballet du Théâtre du Capitole depuis 2012, a choisi de débuter la saison de ballet de la célèbre institution occitane. Arrivé à Paris en 1923, le danseur ukrainien a eu tôt fait, grâce à son physique et son rayonnement particulier, de se faire remarquer et il intègre aussitôt les fameux Ballets russes de Diaghilev. Sept ans après son arrivée en France, il est nommé maître de ballet à l’Opéra de Paris, dont il bouscule bientôt les codes. Qualifié de «barbare» par André Levison, ses aptitudes oscillent entre «son goût classique et son rêve d’étrangeté», deux «ingrédients» que l’on retrouve dans les deux pièces de ce soir.


La première – remontée ici par Stéphanie Roublod et Charles Jude – est écrite sur une musique composée en 1882 par Edouard Lalo pour son ballet Namouna, auquel Lifar donne donc une seconde vie (l’œuvre originale fut un échec). L’œuvre fait fi de toutes fioritures: le plateau, divisé en deux plans, se découvre nu, et l’attention des spectateurs ne peut ainsi que se porter sur la gestique des danseurs, leurs mouvements et autres prouesses techniques, d’autant que les costumes sont également simplissimes: les hommes en simples collants noirs et chemise blanche, les femmes en tutus (romantiques) longs... En huit thèmes successifs, les interprètes (pour la plupart aguerris) du Ballet du Capitole exécutent de nombreuses variations, pas de trois, pas de cinq, et autres adages, dans des saynètes du plus bel esthétisme dédiés à la pureté et à la beauté du geste: une succession de visions gracieuses et raffinées, une suite de compositions aussi exquises que virtuoses, dans lesquels il conviendra de relever les volutes éthérées de Julie Charlet dans la cinquième partie, intitulée «Cigarettes», ou encore les bonds sans fin du l’étonnant Davit Galtsyan.



Les Mirages: S. Monnereau, S. Caminiti, D. Galstyan
(© David Herrero)



La seconde – remontée par Monique Loudières et Kader Belarbi – a été créée sur une musique originale due à la main du grand compositeur français Henri Sauguet, et s’avère beaucoup plus «narrative» que la précédente: inspiré par Musset, le ballet raconte les quêtes d’un jeune homme (un Prince...) qui passe son temps à courir après des chimères (la grandeur, les richesses et l’amour..) pour mieux se retrouver en face de sa propre ombre... et donc de son inéluctable solitude. Condensé de vocabulaire néoclassique, l’ouvrage est célèbre pour son apport en nouvelles figures, notamment de mouvements décalés inspirés de l’Antiquité. Plus que le rôle du Jeune homme (superbement interprété par Ramiro Gómez Samón), c’est celui de l’Ombre qui est central ici: une Natalia de Froberville toute en finesse douloureuse, aux côtés de la Femme (rêvée) de Florencia Chinelatto, évanescente comme un songe, et de la non moins vaporeuse Chimère de Juliette Kayo Nakazato.


Le moins que l’on puisse dire est que la troupe toulousaine s’empare de ces deux œuvres marquantes avec un bel enthousiasme, et de fortes personnalités émergent parmi les danseurs et danseuses – mais l’on adressera cependant une mention particulière pour le haut niveau technique du corps de ballet masculin. Une autre mention, enfin, pour le haut degré d’exécution musicale du toujours parfait Orchestre national du Capitole, placé ce soir sous la direction du fringant chef genevois Philippe Béran.



Emmanuel Andrieu

 

 

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