About us / Contact

The Classical Music Network

Geneva

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Orfeo rendu à sa fin tragique

Geneva
Grand Théâtre
10/28/2019 -  et 18, 20 septembre (Budapest), 21, 23, 24 (Vicenza), 29 (Genève) octobre 2019
Claudio Monteverdi : Orfeo
Emőke Baráth (Euridice, La Musica), Valerio Contaldo (Orfeo), Michal Czerniawski (Pastore, Speranza), Cyril Auvity (Pastore, Spirito), Francisco Fernández-Rueda (Pastore, Spirito), Núria Rial (Ninfa, Proserpina, Baccante), Luciana Mancini (La Messagiera, Baccante), Antonio Abete (Caronte, Terzo Spirito)
A Fischer Iván Operatársulat énekkara és tánckara, Soma Dinyés (préparation), Budapesti Fesztiválzenekar, Iván Fischer (direction musicale)
Iván Fischer (mise en scène), Hanna Gelesz (assistante à la mise en scène), Andrea Tocchio(décors), Anna Biagiotti (costumes), Tamás Bányai (lumières), Vince Varga (vidéo), Sigrid T’Hooft (chorégraphie)


(© Judith Horváth)


< L’Orfeo de Claudio Monteverdi est considéré comme l’acte de naissance de l’opéra. Créée en 1607 à Mantoue, cette « fable en musique » est en effet le premier ouvrage lyrique qui soit parvenu jusqu’à nous. Une première version, fidèle au mythe du barde Orphée mais aujourd’hui perdue, raconte la mort atroce du héros, lacéré par les Bacchantes. Mais ce dénouement sanglant n'était pas du goût de l’époque, contraignant Monteverdi et son librettiste Alessandro Striggio à modifier la fin. Dans la seconde mouture, qui nous est restée dans son intégralité, Orphée est emmené au ciel par son père, Apollon, pour rejoindre Eurydice. Le chef hongrois Iván Fischer, connu surtout pour ses interprétations de Mahler, s’est demandé si Monteverdi avait composé une autre musique pour accompagner le premier livret. Celui qui a été claveciniste dans la fosse de l’Opéra de Zurich lorsque Nikolaus Harnoncourt y a dirigé Orfeo en 1978 dans la célèbre production de Jean-Pierre Ponnelle, a alors eu l’idée d’écrire lui-même un épilogue correspondant à la première version de l’ouvrage. Et non content de proposer une nouvelle fin et de diriger la partition, il a aussi mis en scène cet Orfeo remanié, présenté d’abord à Budapest, puis à Vicence et enfin à Genève.


Iván Fischer est d’abord un chef d’orchestre, et sa mise en scène est bien évidemment entièrement au service de la musique. Vidéos sur tulle, scénographie pastorale avec nymphes et bergers jouant du pipeau, costumes à l’ancienne, chanteurs immobiles pour interpréter leurs airs, Iván Fischer n’a pas cherché midi à quatorze heures et a signé une production des plus traditionnelles, très premier degré, pour se concentrer sur la musique. A la tête de son somptueux Orchestre du Festival de Budapest jouant sur instruments d’époque, le chef propose une version lumineuse et contrastée du chef-d’œuvre de Monteverdi, oscillant entre tempi extrêmement alanguis et fureur baroque, entre moments de douce rêverie et passages plus denses et robustes, entre attaques pointues et cisèlement raffiné.


Le chœur est impressionnant d’homogénéité et de précision et la distribution vocale parfaitement rompue au style baroque, à l’exception du Caronte hors de propos d’Antonio Abete du fait de son chant fruste. Valerio Contaldo est un Orphée intense, au style irréprochable et à la ligne de chant noble. Emőke Baráth incarne une Eurydice au phrasé souple et au timbre lumineux. Cyril Auvity campe un berger de grand luxe, alors que Núria Rial en Proserpine et Luciana Mancini en Messagère s’illustrent par leur fraîcheur et leurs interventions saillantes. Plus de 400 ans après sa création, Orfeo n’a rien perdu de son attrait.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com