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Un orchestre mendelssohnien et une distribution crédible Stockholm Umeå (Norrlandsoperan) 09/28/2019 - et 2, 4, 6, 8, 10*, 12, 15, 17, 19, 22, 25 octobre 2019 Engelbert Humperdinck : Hans och Greta Anton Eriksson (Peter), Asa Jäger (Gertrud), Elisabeth Leyser (Hänsel), Linnea Sjösvärd (Gretel), Susanna Levonen (Sorcière), Johanna Wallroth (Le marchand de sable, Le marchand de rosée)
Norrlandsoperans Barnkör, Lotta Kuisma (chef de chœur), Norrlandsoperans Symfoniorkester, Anja Bihlmaier (direction musicale)
Stina Ancker (mise en scène), Annsofi Nyberg (scénographie et costumes), William Wenner (lumières), Anna Holter (chorégraphie)
L. Sjösvärd, E. Leyser (© Micke Sandström)
Située à 600 kilomètres au nord de Stockholm, la ville d’Umeå (prononcez Uméo) serait restée en un relatif anonymat pour le mélomane, si elle n’avait la particularité de posséder deux salles ultramodernes dédiées aux concerts et à l’opéra, le tout dirigé depuis sa création en 1974 par des figures aussi reconnues que Roy Goodman ou Kristjan Järvi notamment. C’est très certainement ce qui explique l’excellent niveau immédiatement audible dans la fosse dès les premières notes d’Hansel et Gretel (1893), ici proposé dans sa version suédoise. On s’habitue vite à cette particularité qui permet au jeune public de se plonger immédiatement dans l’histoire, tandis que le geste subtil d’Anja Bihlmaier n’oublie jamais de faire ressortir les moindres détails de l’orchestration de Humperdinck. L’Allemande privilégie une lecture orientée vers la musique pure, qui fuit un peu trop l’émotion en ralentissant les passages lents et en accélérant en contraste les parties plus enlevées, mais qui reste toujours passionnante: en donnant l’avantage aux envolées gracieuses des bois, au détriment d’un effectif de cordes assez réduit, on perçoit davantage la dette envers Mendelssohn que l’habituelle référence à Wagner.
Les jeunes chanteurs réunis pour l’occasion montrent un très bon niveau global, qui bénéficie par ailleurs de la bonne acoustique des lieux. On est surtout bluffé par le couple très complice formé par Elisabeth Leyser (Hansel) et Linnea Sjösvärd (Gretel), qui donne beaucoup de crédibilité à l’action, autant dans l’aspect physique, en phase avec leur rôle, qu’au niveau vocal. Les phrasés aériens et gracieux de Leyser trouvent chez Sjösvärd une réponse éloquente et plus affirmée au niveau du caractère, en une souplesse de phrasés admirables des deux côtés. De tempérament, Asa Jäger (Gertrude) et Susanna Levonen (Sorcière) ne manquent pas, s’imposant toutes deux dans la puissance, avec quelques rudesses toutefois dans les passages de registre. Anton Eriksson (Peter) assure bien sa partie, de même que la délicieuse Johanna Wallroth dans son double rôle féerique.
Seule la mise en scène de Stina Ancker montre quelques faiblesses dans la direction d’acteur assez pataude, qui souffre il est vrai du manque de moyens visible. La machinerie du théâtre ne semble pas permettre les changements de décors, tandis que les éclairages donnent trop la part belle aux effets façon «concert pop». Les décors hésitent entre le réalisme social sordide au début, avant de se tourner vers un glamour chic et toc après l’entracte, toujours tendre et sincère. La dernière partie est sans doute plus réussie grâce à l’interprétation tonitruante de la Sorcière, alors que les tableaux chorégraphiés des parties poétiques au I manquent d’idées. Dans le même esprit, on avait grandement préféré le travail intemporel de Wolfgang Blum, repris à Mannheim en début d’année.
Florent Coudeyrat
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