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Pari tenu!

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/07/2019 -  
Jacques Offenbach : Madame Favart: Ouverture – La Vie parisienne: Final (acte III) [1]
Jean-Baptiste Lemoyne : Phèdre: Air et chœur funèbre (acte III) [2]
Félix Chaudoir : J’viens de perdre mon gibus [3]
Victorin Joncières : Lancelot: Introduction, arioso et duo (acte I) [4]
Charles Gounod : Le Tribut de Zamora: Danse espagnole (acte III)
Fromental Halévy : Charles VI: Villanelle (acte II) [5]
Camille Saint-Saëns : Extase [6]
Frédéric Barbier : Faust et Marguerite: Cavatine des bijoux, air de la bretelle et duo d’amour [7]
Etienne-Nicolas Méhul : Adrien: Duo et final (acte I) [8]
Edmond Audran : La Mascotte: Duo (acte I) [9]
Gabriel Pierné : Koncertstück pour harpe et orchestre, opus 39
Benjamin Godard : Dante, opus 111: Prélude (acte IV) et duo (acte II) [10]
Hervé : Les Chevaliers de la Table ronde: air de la duchesse Totoche (acte I) [11]
Ludwig Wenzel Lachnith : Les Mystères d’Isis: Final (acte I) [12]

Véronique Gens [1, 4, 10, 12], Lara Neumann [7], Ingrid Perruche [1, 11, 12], Chantal Santon Jeffery [1, 5, 12], Judith van Wanroij [1, 2, 8] (sopranos), Marie Gautrot [1, 12] (mezzo), Rodolphe Briand [1, 3, 9], Cyrille Dubois [1, 4, 8, 12], Edgaras Montvidas [8, 10], Flannan Obé [7] (ténors), Antoine Philippot, Tassis Christoyannis [1, 6, 8, 12] (barytons), Olivier Py [9] (chant), Emmanuel Ceysson (harpe), Pierre Cussac [7] (accordéon), Vincent Leterme [3] (piano)
Chœur du Concert spirituel, Orchestre de chambre de Paris, Hervé Niquet (direction)
Romain Gilbert (mise en espace)


(© Palazzetto Bru Zane/Nicola Bertasi)


Après des célébrations à Venise (voir ici et ici), la Fondation Palazzetto Bru Zane (FPBZ) a célébré son dixième anniversaire par un gala festif et devant un public enthousiaste dans le théâtre de l’avenue Montaigne.


Pari tenu! C’est le message que désire faire passer Mme le docteur Nicole Bru, présidente, fondatrice et mécène de cette admirable institution: «Dans la patrie de Monteverdi et Vivaldi, la création d’un centre de musique française semblait surprenante mais après dix ans, le pari de faire rayonner ce répertoire à partir de Venise est tenu!». Après un programme bien copieux qui faisait autant la place à la musique la plus légère qu’aux pages les plus graves de tout un pan de l’histoire de la musique française il y a encore dix ans en voie d’oubli, Hervé Niquet, grand ordonnateur de cette soirée festive, après un court discours rédigé dans sa veine humoristique la plus légère, a rendu hommage au travail de cette équipe vénitienne et à l’action de mécénat de Nicole Bru, entraînant une standing ovation bien méritée. On rappelle que Mme Bru a acheté ce palais vénitien à la famille Habsbourg à la fois pour satisfaire à la volonté de son mari, Jean Bru, fondateur du célèbre laboratoire pharmaceutique UPSA, de participer à une restauration à Venise et aussi pour concrétiser leur désir de mécénat musical. Passionnée de musique, après la vente du laboratoire, elle s’est investie avec la collaboration du chef Hervé Niquet pour créer cette fondation consacrée à la défense du patrimoine musical romantique français. A l’aube de sa deuxième décennie, elle peut être fière du travail de l’équipe du FPBZ, menée par Alexandre Dratwicki. Son bilan de réhabilitation et de réédition du répertoire romantique français oublié ou enfoui dans les bibliothèques, ou tout simplement déformé par la tradition et les remaniements, est impressionnant.


Le programme de ce roboratif concert de près de 2 heures faisait la part belle à ces compositeurs oubliés. Habilement mis en espace par Romain Gilbert, le spectacle s’organisait autour d’une rivalité bon enfant entre deux camps, les comiques et les sérieux, tenant salon aux deux extrémités de la scène, se partageant le programme musical et finissant par se rejoindre au final dans une joyeuse fraternité. L’important dispositif, l’Orchestre de chambre de Paris et le Chœur du Concert Spirituel, était déployé sur scène où Hervé Niquet était maître de cérémonie, arbitre des deux camps.


On retiendra surtout de cette soirée de musique dont tous les numéros méritent des éloges individuels, l’exceptionnelle participation du harpiste Emmanuel Ceysson, qui s’est extrait de l’orchestre pour accompagner Extase de Saint-Saëns et Victor Hugo (1860), exemple parfait de la mélodie avec orchestre, un des grands «chantiers» de réhabilitation de la FPBZ, interprétée avec beaucoup de style et d’intensité par le baryton grec Tassis Christoyannis, puis jouer avec un brio époustouflant le Konzertstück (1903) de Pierné. On aura découvert aussi quelques pages du répertoire lyrique oublié avec un monologue de la Phèdre de Lemoyne (1786) superbement déclamé par le soprano néerlandais Judith van Wanroij et un long duo du Dante de Godard (1890) interprété par Véronique Gens et le ténor lituanien Edgaras Montvidas.


Parmi les curiosités de cette impressionnante moisson figurait le finale de l’acte I des Mystères d’Isis de Lachnith (1801), très cocasse arrangement de La Flûte enchantée de Mozart, et le final de l’acte I d’Adrien de Méhul (1791), opéra victime de la censure républicaine, permettant aux participants de se produire ensemble.


Au milieu de tant de sérieux, une équipe de comiques menés par un Olivier Py débridé et la merveilleuse Ingrid Perruche ainsi que le ténor Rodolphe Briand mettaient régulièrement un grain de sel de fantaisie. On retiendra bien sûr l’irrésistible duo de Bettina et Pippo de La Mascotte d’Audran (1880) et les inénarrables glouglous d’Olivier Py mais aussi la rare parodie de Faust, Faust et Marguerite (1869) de Barbier, et le très loufoque J’viens d’perdr’ mon gibus (1890) de Chaudoir défendu avec un grand talent de chansonnier par Rodolphe Briand.


Deux finals ont couronné cette soirée: celui de l’acte III de La Vie parisienne (1866) avec griserie et champagne et le refrain des Chevaliers de la Table ronde (1866) d’Hervé, dont Ingrid Perruche avait campé au préalable l’irrésistible duchesse Totoche. Apothéose de la soirée réunissant tous les participants menés par un Hervé Niquet survolté et survoltant ses magnifiques effectifs.



Olivier Brunel

 

 

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