About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Morne reprise

Paris
Opéra Bastille
09/07/2019 -  et 10, 13, 17, 20, 25, 29 septembre, 2, 5 octobre 2019
Vincenzo Bellini : I puritani
Elsa Dreisig (Elvira), Javier Camarena*/Francesco Demuro (Lord Arturo Talbot), Igor Golovatenko (Sir Riccardo Forth), Nicolas Testé (Sir Giorgio), Jean-François Marras (Sir Bruno Roberton), Gemma Ní Bhriain (Enrichetta di Francia), Luc Bertin-Hugault (Lord Gualtiero Valton)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, José Luis Basso (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Riccardo Frizza (direction musicale)
Laurent Pelly (mise en scène, costumes), Chantal Thomas (décors), Joël Adam (lumières)


J. Camarena (© Sebastien Mathé/Opéra national de Paris)


Un début de saison lyrique, en principe, doit revêtir un certain éclat, même avec une reprise. Sans doute la nouvelle production de La Traviata fera-t-elle oublier ces Puritains de 2013, que le temps n’a nullement bonifiés et dont Laurent Pelly ne fait rien. A court d’idées, en voulant situer l’opéra dans l’espace mental de la folie d’Elvira, qui à la fin s’effondre, il tire sur une ficelle usée. Conçu «comme un ensemble de plomb sur un grand échiquier», le chœur rappelle parfois ses mises en scène d’Offenbach. Quant à la structure métallique représentant le château prison de l’aliénée, elle ne sent pas moins le déjà-vu. Mais on blâmera surtout l’indigence de la direction d’acteurs, qui ne s’intéresse qu’à Elvira, dont la folie n’est pourtant guère crédible – la pazza per amore ressemble souvent à une gamine capricieuse. Fallait-il resservir ce ratage ?


Musicalement, le compte n’y est pas non plus. Très investie dans le personnage tel que l’a conçu Pelly, à mille lieues des héroïnes romantiques lunaires, Elsa Dreisig assure au premier acte, avec des vocalises assez appliquées pour « Son vergin vezzosa » et un chant monochrome. Rien ne va plus ensuite, quand vient la grande scène de folie du deuxième, que ne sauve pas l’intensité de l’expression : cavatine au cantabile erratique, cabalette à la colorature savonnée. La jeune soprano, dont on a apprécié ailleurs les qualités prometteuses, doit encore prouver sa vocation belcantiste. A l’inverse de Javier Camarena, modèle de technique et de style, par l’homogénéité de la tessiture et du timbre, la maîtrise du souffle et donc de la ligne, l’élégance du phrasé, la noblesse de l’expression – on lui pardonne volontiers un contre-fa étranglé. Son rival n’inspire pas les mêmes éloges : le Riccardo assez rustre d’Igor Golovatenko se soucie surtout de donner de la voix – et surtout pas de vocaliser. Nicolas Testé a heureusement une autre tenue, même s’il pourrait, pour être plus authentiquement bellinien, nuancer et assouplir davantage son « Cinta di fiori ».


Riccardo Frizza, c’est du solide : un vrai chef de théâtre, qui connaît son affaire, sans doute plus narrateur que coloriste à la tête d’un orchestre qu’on a connu plus brillant – à moins qu’il traite Bellini avec condescendance.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com