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Superbes musiciens de Brême

London
Royal Albert Hall
09/07/2019 -  et 5 septembre 2019 (Bremen)
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Entführung aus dem Serail, K. 384: Ouverture – Récitatif «Popoli di Tessaglia!» et Air «Io non chiedo, eterni Dei», K. 300b [316] – Cassation n° 1, K. 63: 3. Andante – Air «No, no, che non sei capace», K. 419 – Symphonie n° 35 «Haffner», K. 385
Richard Strauss : Capriccio, opus 85: Sextuor – Ariadne auf Naxos, opus 60: «Grossmächtige Prinzessin»
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 7, opus 92

Danae Kontora (soprano)
Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Constantinos Carydis (direction)




Dans le vaste cirque ovale du Royal Albert Hall, d’une jauge d’environ 5 500 spectateurs, l’atmosphère populaire très singulière pourrait rebuter plus d’un puriste! L’acoustique y est extrêmement capricieuse. Le parterre (ou arena) de cet immense espace vide de sièges est occupé par plusieurs centaines de spectateurs debout, courageux et plutôt immobiles et silencieux. Ils payent démocratiquement 6 livres par concert après avoir patienté pour ce faire, soit dix fois moins que les spectateurs des stalls du niveau supérieur situés quelque mètres plus haut et en arrière. Il arrive régulièrement, chaleur et promiscuité aidant, qu’un spectateur s’évanouisse et soit pris en charge avec un flegme qui laisse rêveur par les ouvreurs, les paramédicaux n’intervenant qu’à l’entracte, après l’arrêt de la musique! Dans les étages, jusqu’aux vertigineux promenoirs où la position debout est aussi de règle, tout est possible. Les retardataires peuvent circuler dans les rangs, boissons et nourritures sont tolérées. Mais la ferveur du public et les manifestations chaleureuses de contentement sont indescriptibles.



C. Carydis (© Thomas Brill)


Après deux ans d’absence, l’excellente Philharmonie de chambre allemande de Brême y est revenue pour le concert 65, dirigé pour ses débuts aux Proms par son chef, le Grec Constantinos Carydis, avec un programme généreux et sophistiqué passant de Mozart à Richard Strauss par le lien de la voix et retournant à Beethoven sans lien apparent. La partie vocale en était confiée, pour ses débuts aux Proms, au soprano colorature grec Danae Kontora. Le programme vocal comportait trois œuvres redoutables de ce répertoire virtuose: deux airs de concert de Mozart composés pour son élève Aloysia Weber et la longue aria de Zerbinette «Grossmächtige Prinzessin», un des trois morceaux de résistance d’Ariane à Naxos de Strauss. Au menu : des contre-sol pour Mozart, un contre- et profusion de trilles pour Strauss. Compte tenu de la richesse du programme symphonique, avec la Symphonie «Haffner» de Mozart et la Septième de Beethoven, enrichi d’un extrait d’une cassation du premier et du Sextuor de Capriccio de Strauss, on peut se demander si l’ajout de la partie vocale se justifiait par la participation d’une interprète qui possède ces notes suraiguës mais n’a pas le grand style ni les manières vocales indispensables à la réalisation de ces grands airs à récitatifs, ni l’aplomb vocal pour leur donner vie et structure. De même, quoi qu’il ne s’agisse pas du même exercice que de s’adresser sur scène dans un long air monologue à une Ariane maussade et au concert de convaincre quasiment 6000 auditeurs, cet air ne prend aucun relief si l’interprète n’y met pas l’introspection, le raffinement, la coquetterie, bref toute la rouerie de Zerbinette. Danae Kontora fait certainement de l’usage dans la troupe de l’Opéra de Leipzig qui à son répertoire programme régulièrement des œuvres utilisant un soprano colorature, mais on peut se demander l’intérêt de bâtir un programme autour de ces morceaux de résistance s’ils ne sont pas suprêmement chantés.


Le véritable intérêt de ce long concert résidait dans les qualités instrumentales et de cohésion de cet orchestre allemand, phalange indépendante et fonctionnant comme une véritable petite république démocratique. Scintillant dans l’Ouverture de L’Enlèvement au sérail, formidablement énergique dans la Symphonie «Haffner», enlevant la Septième Symphonie avec un brio irrésistible, malgré une certaine sécheresse due à l’option sans vibrato, et merveilleusement nostalgique dans le Sextuor de Capriccio, c’était lui la véritable vedette de la soirée.



Olivier Brunel

 

 

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