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" La joyeuse bande de Jules " : Un florilège de musique française

Toulouse
Théâtre du Capitole
11/24/2001 -  
Reynaldo Hahn : Quatuor à cordes en fa majeur, Quintette pour piano et cordes en fa mineur
Ernest Chausson : Serres chaudes, opus 24. Chanson perpétuelle, opus posth. 37

Quatuor Parisii
Isabelle Cals (mezzo-soprano)
Jérôme Ducros (piano)


Le maître peut être fier de ses disciples. En effet, non seulement prolifique compositeur de nombreux opus parmi lesquels Thaïs et Grisélidis entre autres, Massenet, illustre pédagogue et professeur de composition, a ouvert les portes du paradis à quelques futurs immenses compositeurs. Ainsi Reynaldo Hahn (1875-1947), qui n'a pas écrit uniquement Ciboulette, opérette légère au charme suranné, ou le Marchand de Venise, drame lyrique d'après Shakespeare (encore une oeuvre que l'on n'entend jamais en France !) ; mais encore une élégante musique de chambre qui n'a pas à subir le dédain ou l'ostracisme dans lesquels on la maintient.


Certes, le Quatuor à cordes sonne quelque peu "anachronique", ou pastiche. Pour habile qu'il soit, l'on pourrait le confondre avec un quatuor inédit de Schubert, tant le style romantique du premier quart du XIX° siècle y est prégnant. En revanche, le Quintette pour piano et cordes, très inspiré, délicatement fauréen, est une "divine surprise" ; avec un andante automnal et langoureux, qui annonce la mélancolie sombre d'Albéric Magnard. L'on songe également à Saint-Saëns, Chabrier ou Théodore Gouvy. Et fort curieusement, le dernier mouvement très animé évoque par sa slavité, plutôt inattendue ici, Dvorak, voire un Bartok apaisé.


Du patchwork musical ? Pas exactement. Si l'on est en présence d'une musique sans conteste bien écrite au plan de la forme, elle manque de " fond " - de ressenti personnel. En tout cas, ce défaut (si défaut il y a) n'est pas rédhibitoire. Par contre, avec Ernest Chausson (1855-1899), c'est un choc émotionnel d'une autre envergure. Compositeur français majeur, trait d'union entre Franck et Debussy, cet ancien juriste que la Camarde faucha prématurément à quarante-quatre ans, a écrit un cycle de cinq mélodies d'après des poèmes de Maurice Maeterlinck, Serres chaudes, aussi vibrant que les Ariettes oubliées (Debussy).


Malgré une diction peu intelligible, Isabelle Cals sait souligner l'univers mortifère, maladif, spasmique, cette douleur introspective qui en constitue l'essence même. Chaos, rêve en abîme, désagrégation lancinante de l'âme : tout le mal-être de Chausson, qui n'a vécu que dans l'attente d'une mort qu'il savait imminente et présente. Le concert s'achevait par la crépusculaire Chanson perpétuelle, tragique poème de l'amour mort - Liebestod - d'une intensité comparable à la Voix humaine de Poulenc ; ou aux cantates de Respighi, il Tramonto et la Sensitiva.


Alors, souhaitons au plus vite que le prestigieux Théâtre du Capitole redonne enfin sa chance au Roi Arthus - d'autant que le centenaire de la mort de Chausson est passé complètement à la trappe. Drame perpétuel !




Etienne Müller

 

 

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