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¿Habla espanol? Saint-Céré Théâtre de l’Usine 08/05/2019 - et 10 (Cahors), 13* (Saint-Céré) août 2019 Astor Piazzolla: María de Buenos Aires Sandra Rumolino, Diego Flores (chant), Eric Perez (El Duende)
William Sabatier (bandonéon), Orchestre Opéra éclaté, Gaspard Brécourt (piano et direction musicale)
S. Rumolino (© Alejandro Rumolino)
Le Festival de Saint-Céré présente à trois reprises en version de concert Maria de Buenos Aires (1968), «opéra-tango» (ou «operita») d’Astor Piazzolla (1921-1992) en deux parties de huit numéros chacune. A l’issue de la représentation, si le public semble avoir passé une bonne soirée, il paraît néanmoins difficile de ne pas exprimer une certaine perplexité.
Le dispositif associe un couple mixte de chanteurs (en espagnol) se déplaçant sur scène sans partition et, côté cour, un récitant (en français) dénommé «El Duende», accompagnés par un ensemble instrumental comprenant, outre l’incontournable bandonéon (debout au centre du plateau), flûte (et piccolo), quintette à cordes, guitare, piano et percussion. Mais comme ici dans La Vie parisienne, la sonorisation des voix et des instruments ne se révèle pas toujours satisfaisante: si les chanteurs s’imposent sans peine, le récitant, Eric Perez, en queue de pie et fleur rouge à la boutonnière, s’époumone trop souvent en vain et le texte est donc souvent inaudible. Cela dit, quand on parvient à l’entendre, le livret passablement verbeux, prétentieux et boursouflé de l’argentino-uruguayen Horacio Ferrer (1933-2014) laisse pantois et vire dangereusement au cocasse, voire au grotesque: Paul Claudel et Olivier Py, en comparaison, ont la rigueur d’un Pascal ou d’un Chateaubriand, et le récitant n’a guère d’autre choix que de vaticiner de façon grandiloquente, tel Malraux accueillant Jean Moulin au Panthéon.
Et comme il est en outre privé de surtitres, le spectateur non hispanophone, une fois qu’il a compris que l’action se situe à Buenos Aires et dépeint apparemment la destinée plus ou moins christique d’une certaine Maria, est cruellement laissé sur le bord de la route, comme noyé dans un opéra de Kogoj mis en scène par Warlikowski. Cette heure et demie paraît dès lors assez longue, d’autant que si Sandra Rumolino (née en 1960) et Diego Flores chantent sans doute bien selon les canons du genre et si l’engagement des musiciens, à commencer par celui du bandonéoniste William Sabatier (né en 1974), ne faiblit pas sous la houlette de Gaspard Brécourt au piano, force est de constater que les rythmes et harmonies ne se renouvellent guère.
Le site de William Sabatier
Simon Corley
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