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La vie saint-céréenne

Saint-Céré
Théâtre de l’Usine
07/28/2019 -  et 1er (Saint-Céré), 5 (Cahors), 7 (Aurillac), 9, 10 (Clermont-Ferrand), 17 (Béziers), 21 (Le Chesnay) février, 5 (Dreux), 31 (Clamart) mars, 2 (Epinal), 10 (Draguignan), 12 (Fréjus) mai, 8 juin (Sorèze), 31 juillet, 3, 6, 12* (Saint-Céré), 17 (Bergerac) août, 21 septembre (Guin/Düdingen), 7 décembre (Juvisy-sur-Orge) 2019, 18 (Muret), 31 (Le Blanc-Mesnil) janvier, 1er février (Brunoy), 9 (Blagnac), 21 (Miramas) mars, 16 mai (Fouesnant) 2020
Jacques Offenbach : La Vie parisienne (arrangement François Michels)
Diana Higbee (Metella), Morgane Bertrand (Gabrielle), Lucile Verbizier (Pauline), Anandha Seethanen (La baronne), Flore Boixel (Léonie, Louise, Clara), Steeve Brudey (Bobinet), Hoël Troadec (Gardefeu), Lionel Muzin (Le bottier), Christophe Lacassagne (Le baron), Thierry Jennaud (Le Brésilien), Clément Chébli (vidéaste, Alphonse, Joseph)
Orchestre Opéra éclaté, Gaspard Brécourt (direction musicale)
Olivier Desbordes et Benjamin Moreau (adaptation et mise en scène), Fanny Aguado (chorégraphie), David Belugou (décors et costumes), Patrice Gouron (lumières)




Au travers de ScénOgraph, «scène conventionnée théâtre et théâtre musical» depuis 2014, les festivals de théâtre de Figeac et d’opéra de Saint-Céré poursuivent chaque été leur chemin conjoint, sous l’autorité de Véronique Do, directrice générale, assistée par un comité artistique comprenant, pour Saint-Céré, le comédien et metteur en scène Eric Perez et le chef d’orchestre Gaspard Brécourt, «conseillers artistiques à la programmation». On se réjouit cependant que le fondateur, Olivier Desbordes, demeure toutefois bien présent, cosignant ainsi avec Benjamin Moreau (pour sa part «conseiller artistique à la programmation» pour Figeac), la mise en scène de La Vie parisienne, l’un des deux spectacles lyriques nouveaux, avec Les Pêcheurs de perles, à l’affiche, comme chaque année, de cette trente-neuvième édition du Festival de Saint-Céré. Du 24 juillet au 13 août, dans les lieux habituels et appréciés (château de Castelnau-Bretenoux et théâtre de l’Usine, au premier chef, mais aussi églises, châteaux et théâtres des environs), ces deux productions sont complétées par une version de concert de l’«opéra-tango» Maria de Buenos Aires de Piazzolla, divers concerts et récitals ainsi que plusieurs rendez-vous gratuits ou à 3 euros – rencontres, répétitions publiques, expositions, «rendez-vous musical sous les étoiles», «goûter découverte des instruments», «sieste musicale romantique» et «balade musicale».



(© Nelly Blaya)


Grâce à Olivier Desbordes, Offenbach a toujours bien réussi à Saint-Céré – formidables Roi Carotte en 2008, Contes d’Hoffmann en 2008 et en 2018 , Belle Hélène en 2012, Voyage dans la lune en 2014 et Périchole en 2015. Mais comme il n’est pas homme de routine, cette Vie parisienne (1866/1873) déjà présentée dans la région cet hiver et en tournée ce printemps, sort des sentiers battus. Avec Benjamin Moreau, il adapte le livret de Meilhac et Halévy pour le transposer exactement un siècle plus tard, et la partition, pour sa part, est arrangée pour un petit ensemble instrumental – violon, clarinette/saxophone, trompette, trombone, batterie, guitare et clavier – par l’un de ses membres, le tromboniste François Michels.


Desbordes se souvient de ses débuts comme figurant aux Buttes-Chaumont dans ces grandes émissions de variétés que l’ORTF diffusait alors en direct et inscrit l’action dans le tournage de ce programme, avec un écran de télévision géant au-dessus du plateau – en noir et blanc en première partie, mais en couleur pour la seconde. S’y projettent tour à tour le générique, des réclames pendant les changements de décors, le fameux «Interlude» du petit train à énigmes pendant l’entracte et, surtout, le spectacle filmé sur la scène grâce à une caméra en temps réel. Le spectateur voit donc l’envers du décor et les coulisses de l’émission tout en étant également le téléspectateur de l’époque, le léger décalage entre la scène et l’écran rappelant même les difficultés de certains chanteurs d’alors à faire croire à l’illusion du playback... Toute l’imagerie de ces années, véritable défilé de sosies – Claude François, Frères Jacques, Louis de Funès, France Gall, Mireille Mathieu, Nana Mouskouri, Sheila, Sylvie Vartan, demoiselles de Rochefort, gendarme de Saint-Tropez, Rabbi Jacob mais aussi bébés moulinés d’Averty –, est convoquée dans un joyeux tourbillon, évoquant quelque «Dim Dam Dom» ou émission de Maritie et Gilbert Carpentier. Dans ces numéros et ensembles qui se succèdent sous l’objectif d’un vidéaste imitant à la perfection les tics de réalisation de l’époque, on remarque plus particulièrement le baron transformé en crooner à l’œil trop langoureux ou la Metella façon chanteuse réaliste dans son air «C’est ici l’endroit redouté des mères».


Les musiciens, eux-mêmes sur scène et ayant adopté les costumes et mouvements de côté d’un orchestre de variétés, font swinguer la partition au rythme des musiques populaires du XXe siècle, avec en outre quelques citations insérées avec humour. Le tout est sonorisé – pourquoi pas, mais dans ce cas, il eût été souhaitable que les instruments ne couvrissent pas aussi souvent les voix, empêchant d’entendre convenablement le texte. Cela ne suffit cependant pas à gâcher une soirée dynamique à laquelle contribuent les costumes plus vrais que nature et les praticables colorés de David Belugou ainsi que les chorégraphies de Fanny Aguado. Forte de onze éléments dont certains jouent parfois plusieurs rôles, la distribution fait preuve d’un bel esprit de troupe, même s’il est impossible de ne pas mentionner les compositions impayables de Christophe Lacassagne en baron, de Lionel Muzin en bottier (et Louis de Funès) et de Thierry Jennaud en Brésilien (et Claude François), ainsi que le chant soigné de Diana Higbee (Metella), Morgane Bertrand (Gabrielle) et Anandha Seethanen (la baronne).


Le site du Festival de Saint-Céré



Simon Corley

 

 

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