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Le refus de la facilité

Salzburg
Haus für Mozart
08/04/2019 -  
Gustav Mahler : Symphonie n° 10: Adagio (transcription Ronald Stevenson)
Ludwig van Beethoven : Bagatelles, opus 126 – 33 Variations sur une valse de Diabelli, opus 120

Igor Levit (piano)


I. Levit (© Marco Borrelli)


En 2017, Igor Levit nous avait parlé de Ronald Stevenson, ce compositeur méconnu et de sa Passacaille sur DSCH qui dure 90 minutes. Les compositions de cet étonnant compositeur écossais comportent de nombreuses transcriptions dont on peut trouver la liste ici et qui comporte des œuvres aussi variées que du Purcell, cet Adagio de la Dixième Symphonie de Mahler et même un extrait du Wozzeck de Berg.


Cela a dû être une évidence pour Stevenson comme pour Levit qu’un piano ne peut tenir le son comme le font les instruments à cordes ni avoir la dynamique et les couleurs des tutti d’orchestre. Une fois ces éléments intégrés, voici une exécution passionnante d’une œuvre assez unique. La musique est plus « anguleuse » mais la palette harmonique, le développement du texte et ces climats fin de siècle font de cette transcription une œuvre qui est profondément mahlérienne que tout mélomane se doit d’entendre. Une telle impression doit bien évidemment beaucoup au talent d’Igor Levit. Le pianiste russo-allemand fait preuve d’une concentration extrême et apporte un soin à la conduite de la ligne.


Ce sont ces mêmes qualités que l’on retrouve dans son Beethoven. Les Bagatelles opus 126 frappent ici par la liberté des tempi, certaines un peu jazzy, d’autres pleines d’un charme schubertien. C’est cette même variété que l’on retrouve dans les Variations Diabelli. Certes elles ne durent « qu’une cinquantaine » de minutes mais elles demandent un engagement physique et mental réel. Levit en est un habitué de cette œuvre qu’il a récemment jouée à Paris. Les tempi restent vifs et parfois proches de la rupture mais il faut se rappeler que c’est ce que demande le texte. Comme nous l’avions déjà apprécié, Levit sait, comme le font les grands pianistes, produire des longues phrases pianissimo avec égalité. Mais c’est à nouveau par la qualité du cantabile et de la ligne que Levit impressionne, les dernières variations étant prises en un seul jet.


Très applaudi par un public dans lequel on pouvait voir Peter Sellars, Igor Levit rallume son Ipad pour nous donner un bis inattendu mais ô combien logique : l’Adagietto de la Cinquième Symphonie de Mahler.


Voici la troisième année que Levit se produit au Festival de Salzbourg. Il a déjà joué, outre quelques Beethoven, Rzewski, Messiaen, Busoni, Schoenberg, Dessau, Henze... et maintenant Stevenson. De nombreux artistes aiment séduire ou charmer, mais il y en a hélas bien peu comme Levit qui aiment stimuler et faire bouger les lignes.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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