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La carpe et le lapin

Nièvre
Millay (Eglise Saint-Maurice)
08/04/2019 -  
Leos Janácek : Pohádka
Dimitri Chostakovitch : Sonate pour violoncelle et piano, opus 40
Marco Stroppa : Das kleine Osja (création)
Claude Debussy : Sonate n° 1 pour violoncelle et pianoSuite bergamasque: 3. «Clair de lune»
Maurice Ravel : Vocalise-étude en forme de habanera (arrangement Paul Bazelaire)
Manuel de Falla : La vida breve: Danza espanola n° 1 (arrangement Maurice Gendron)
Astor Piazzolla : Tango Suite: 2. Andante & 3. Allegro

Henri Demarquette (violoncelle), Vanessa Benelli Mosell (piano)




Quel festival français parvient à programmer, en seulement cinq jours, Hopkinson Smith, Henri Demarquette, le Trio Wanderer et Gérard Caussé? S’il n’est pas de création récente, puisqu’il est né en 2002 sous le nom de «Festival musical des églises romanes en Sud Morvan», le festival «Le vent sur l’arbre» a donc tout de la pépite encore trop bien dissimulée dans le foisonnement musical de l’été français en région. Le compositeur et guitariste Christian Rivet, directeur artistique, ne manque donc ni de goût ni d’entregent, mais la dixième-huitième édition, au-delà de ces imposantes têtes d’affiche, permet également à de jeunes artistes de se produire et bénéficie en outre, une heure avant le concert du soir, des «propos d’avant-concert» de Claude Hermann, dont ceux qui écoutaient France Musique il y a trente ans n’ont pu oublier ni la voix enjouée ni le souci constant de faire partager sa passion.


La programmation inclut même une projection au cinéma de Luzy et une balade à pied à Millay, épicentre des manifestations. L’église Saint-Maurice (XIe-XIIe), avec sa nef étroite tout en longueur, suffit pourtant à peine à accueillir les auditeurs qui font un succès croissant à cette initiative salutaire dans une zone rurale, entre Decize et Autun, guère avantagée par les évolutions économiques et sociales de ces dernières décennies. Qui plus est, l’acoustique, contrairement à celle de nombreux édifices religieux, se révèle tout à fait satisfaisante, y compris depuis la tribune qui surplombe l’entrée principale.



H. Demarquette (© Yannick Perrin)


C’est ce que confirme le récital d’Henri Demarquette et Vanessa Benelli Mosell, dont le programme, très varié quoique chronologiquement assez concentré (de 1890 à nos jours), s’inscrit, même si c’est parfois de manière un peu capillotractée, dans la thématique, «Ainsi la nuit», retenue cette année comme fil rouge du festival. La collaboration entre le violoncelliste – pur produit de l’exigence de l’école française (Maurice Gendron, Philippe Muller) et, s’il en était encore besoin, de János Starker – et la pianiste – «spécialiste» de Stockhausen formée par les Russes (Mikhail Voskresensky, Dimitri Alexeïev) à une technique d’acier mais au jeu autrement moins subtil et souverain que celui de son partenaire – ne laisse pas d’étonner. Néanmoins, après un album («Echoes») associant de façon quelque peu inattendue Rachmaninov et Philip Glass (Decca), ce mariage de la carpe italo-russe et du lapin franco-hongrois se poursuit visiblement une parfaite entente – comme quoi, la logique n’est pas toujours respectée.


Cela dit, la première partie, slave, est sans doute celle qui convient le mieux à Vanessa Benelli Mosell, avec Un conte (1910) de Janácek et, plus encore, la Sonate pour violoncelle et piano (1934) de Chostakovitch, où son agressivité peut rendre justice à la narration du premier et à la violence du second. Henri Demarquette, quant à lui, domine son sujet avec autorité, aisance et classe.


La seconde partie, latine et de plus en plus nettement de coloration hispanisante, déploie un éventail stylistique très large, commençant avec la création de Das kleine Osja («Le Petit Ossia») de Marco Stroppa (né en 1959), par référence à une partition plus développée de 2005 intitulée Ossia, sept strophes pour un drone littéraire. De nombreux modes de jeu inhabituels, tant pour le violoncelle (glissandi, harmoniques, sul ponticello...) que pour le piano (dont seules les cordes sont utilisées, au moyen de petites mailloches), créent des effets sonores littéralement inouïs, dans un esprit qui évoque parfois les explorations planantes d’un Crumb.


Dans la Sonate pour violoncelle et piano (1915) de Debussy, le violoncelle, fin et ironique, est hélas confronté à un piano bien brutal et raide. A partir du «Clair de lune» de la Suite bergamasque (1890) de Debussy, dans un arrangement non crédité (Gaspar Cassadó?), on entre dans une série de petites pièces de genre auxquelles Henri Demarquette se prête avec élégance et distinction, sans risque de dérapage intempestif: ainsi de la Vocalise-étude en forme de habanera (1907) de Ravel (dans l’arrangement de Paul Bazelaire) et de la Première Danse espagnole de La Vie brève (1905) de Falla (dans l’arrangement de Maurice Gendron).


Les deux derniers des trois mouvements de la Tango Suite (1984) de Piazzolla concluent dans un registre toujours apprécié du public, qui bénéficie d’ailleurs en bis d’un supplément de tango – La despareja («La Boiteuse») d’Alejandro Schwarz (né en 1969) – avant un retour aux transcriptions et à la musique française: La plus que lente (1910) de Debussy et Après un rêve (1878) de Fauré, dans des arrangements non précisés (respectivement Zoltán Kocsis et Pablo Casals?).


Le site du festival Le vent sur l’arbre
Le site d’Henri Demarquette
Le site de Vanessa Benelli Mosell
Le site d’Alejandro Schwarz



Simon Corley

 

 

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