|
Back
Paris s’invite à Gstaad Gstaad
Chapelle
08/03/2019 -
Jean-Sébastien Bach : Die Kunst der Fuge, BWV 1080: Contrapunctus 1, 2, 4 & 6 – Das musikalische Opfer, BWV 1079: Sonate en trio
Georg Philipp Telemann : Concerto I à 4 en sol majeur, TWV 43:G1 – Nouveaux Quatuors parisiens: Quatuor n° 6 en mi mineur, TWV 43:e4
Nevermind: Anna Besson (flûte), Louis Creac’h (violon), Robin Pharo (viole de gambe), Jean Rondeau (clavecin) 
Le Festival Menuhin de Gstaad, dont le coup d’envoi a été donné le 18 juillet, se terminera le 6 septembre, ce qui en fait très certainement la plus longue manifestation de l’été musical européen. Sa soixante-troisième édition se décline en bleu blanc rouge. Après une année 2018 consacrée aux Alpes, c’est Paris qui est cette fois à l’honneur. Christoph Müller, son directeur, a voulu bâtir un pont avec la Ville Lumière, car selon lui le public n’est pas familier de la musique française, même si Gstaad est très proche de la Suisse romande et de l’espace francophone. Paris oblige, les musiciens français sont particulièrement nombreux cette année. La liste comprend notamment la soprano Patricia Petibon, le violoncelliste Gautier Capuçon ou encore les chefs Christophe Rousset et Hervé Niquet. Les quatuors Modigliani et Debussy figurent aussi parmi les invités. Le pianiste Bertrand Chamayou est l’artiste en résidence 2019; il se produira à plusieurs reprises, en solo ou en accompagnant d’autres musiciens. C’est lui qui a suggéré le compositeur Tristan Murail pour une création mondiale pour voix et orchestre. La musique française sera également au programme de plusieurs concerts symphoniques, avec, entre autres, la Symphonie fantastique de Berlioz, Carmen de Bizet en version concertante, Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns et le Boléro de Ravel. En outre, Christoph Müller a réussi à convaincre les fidèles de Gstaad de se frotter à la musique de l’Hexagone. C’est ainsi que la violoncelliste Sol Gabetta a joué le Second Concerto de Saint-Saëns ou que le clarinettiste Andreas Ottensammer a interprété Messiaen.
Le fondateur du festival, le violoniste Yehudi Menuhin, mort il y a tout juste vingt ans, attachait une grande importance à la transmission. C’est pourquoi la manifestation propose aussi de nombreuses classes de maître, notamment pour le piano, le chant, les cordes et la musique baroque. Christoph Müller a également lancé une Académie de direction qui accueille, pendant trois semaines, de jeunes chefs talentueux qui répètent avec un orchestre professionnel. Le festival entend en outre fidéliser sur cinq ans au moins de jeunes artistes dignes de perpétuer la mémoire du célèbre violoniste, les « Menuhin’s Heritage Artists ». Jean Rondeau en fait partie depuis 2017.
(© Raphaël Faux/Gstaadphotography.com)
Révélation 2015 des « Victoires de la musique classique », Jean Rondeau s’est rapidement imposé comme la nouvelle coqueluche du clavecin. Il y a deux ans, il avait fait forte impression à Gstaad avec les Variations Goldberg. Il est revenu cette année en restant fidèle à Bach mais en ajoutant deux pages de son contemporain Telemann, servies avec ses trois complices du quatuor Nevermind. L’ensemble, créé il y a sept ans, est formé de quatre musiciens et amis qui se sont rencontrés au Conservatoire de Paris ; l’amour de la musique les a poussés à se réunir pour faire partager le répertoire des XVIIe et XVIIIe siècles. Ce qui frappe dans leur jeu, c’est non seulement leur virtuosité, mais aussi leur complicité, leur fougue, la finesse de leur interprétation et leur sens du phrasé, autant de qualités qui font souffler un vent rafraîchissant sur un pan de répertoire plutôt compassé et qui reste très rarement joué. Le concert a eu lieu dans la petite Chapelle de Gstaad éclairée à la bougie, un cadre intimiste idéal pour apprécier la musique du quatuor Nevermind.
Le site du Festival Menuhin de Gstaad
Claudio Poloni
|
