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Le carnaval des animaux Normandie
Varengeville-sur-Mer (Le Bois des Moutiers)
08/03/2019 -
Henri Duparc : Le Manoir de Rosemonde
Franz Schubert : Auf der Bruck, D. 853 – Der Einsame, D. 800 – Winterreise, D. 911: 15. «Die Krähe» – Schwanengesang: «Die Taubenpost», D. 965a
Déodat de Séverac : Les Hiboux
Maurice Ravel : Histoires naturelles
Gustav Mahler : Des Knaben Wunderhorn: «Lob des hohen Verstandes»
Gabriel Fauré : Cinq Mélodies, opus 58: 2. «En sourdine»
Ernest Chausson : L’Albatros
Johannes Brahms : Quatre Lieder, opus 43: 2. «Die Mainacht»
Reynaldo Hahn : Les Cygnes
Ludwig van Beethoven : Six Gesänge, opus 75: 3. «Aus Goethe’s Faust: Es war einmal ein König»
Hugo Wolf : Goethe-Lieder: 11. «Der Rattenfänger»
Thomas Dolié (baryton), Susan Manoff (piano)
T. Dolié (© Julien Benhamou)
Sous le titre «Histoires naturelles», Thomas Dolié et Susan Manoff construisent autour du recueil éponyme de Ravel, sur des textes de Jules Renard, un récital sortant des sentiers battus: s’ajoutent et se mêlent en écho à ces cinq pièces treize pages empruntées au répertoire de la mélodie française ou du lied germanique ainsi que la lecture d’autres textes de Renard mais aussi de Colette et, en anglais (par la pianiste américaine), de Mary Oliver (1935-2019). La sélection est tantôt attendue (Schubert, à quatre reprises, mais aussi Brahms Mahler, Wolf, Duparc, Fauré ou Hahn), tantôt originale (Chausson, Séverac ou même Beethoven). Le tout est organisé en cinq «chapitres», dont le centre est à chaque fois l’une des mélodies de Ravel, précédés d’une introduction. Les deux artistes animent la soirée en prenant la parole, sans en abuser, pour éclairer les auditeurs, encore une fois très nombreux dans le salon de musique du domaine du Bois des Moutiers.
Le sujet est inépuisable – il y aurait eu de quoi y consacrer tout le festival – et l’éventail des caractères peut donc se déployer aisément, du léger au tragique, comme celui des styles, du lied schubertien à la saisissante appropriation par Ravel de la prose de Renard. Dans tout cela, le baryton français excelle, hormis deux petits trous de mémoire, grâce à sa justesse, à son timbre homogène et maîtrisé du grave jusques à l’aigu, à son phrasé soigné, son attention aux mots et à l’articulation (qui en rendrait presque inutile les notes de programme destinées au public, incluant les textes chantés), tant en français qu’en allemand, et à son sens très aigu de la narration et de la description. Tout au plus pourra-t-on être surpris par une restitution assez démonstrative de certaines mélodies françaises, habituées à davantage de demi-teintes. Et c’est un luxe que de pouvoir compter sur la complicité de Susan Manoff à ses côtés, dont l’expérience lui permet d’éviter les deux écueils de l’accompagnement, celui de la réserve excessive comme celui de la présence envahissante.
Dans des goûts radicalement différents, les deux bis – «La Souris d’Angleterre», neuvième des douze Chansons du Monsieur Bleu de Rosenthal, puis, quittant le registre animalier, A Chloris de Hahn – confirment la polyvalence et la qualité de l’équipe formée par Thomas Dolié et Susan Manoff.
Simon Corley
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