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L’orchestre bien Tampere Montpellier Le Corum (Opéra Berlioz) 07/25/2019 - Carl Nielsen: Maskarade, FS 39: Ouverture
Magnus Lindberg: Concerto pour clarinette
Jean Sibelius: Symphonie n° 1, opus 39 Jean-Luc Votano (clarinette)
Tampere Filharmonia, Santtu-Matias Rouvali (direction)
S.-M. Rouvali (© Kaapo Kamu)
L’avant-dernier concert du soir de la trente-cinquième édition du Festival de Radio France Occitanie Montpellier respecte totalement la thématique choisie cette année, les musiques du nord de l’Europe, en particulier celles des pays limitrophes de la Baltique. Il s’agit d’un répertoire tellement large et intéressant que la direction pourrait reprendre ce sujet à l’avenir pour retrouver bien sûr Nielsen, Sibelius ou Tubin, auteurs d’un corpus symphonique de premier ordre, mais aussi entendre des œuvres de compositeurs intéressants tels qu’Alfvén, Gade, Madetoja, Merikanto, Rautavaara ou encore Stenhammar par des interprètes scandinaves et finlandais.
La prestation de l’orchestre et du chef à l’affiche de ce concert permet de prendre une fois de plus conscience de l’importance de la Finlande dans le domaine musical. A la tête de l’Orchestre philharmonique de Tampere, Santtu-Matias Rouvali débute brillamment le programme avec l’Ouverture de Maskarade (1906) de Nielsen, exécutée avec la vitalité souhaitée. Cette réjouissante entrée en matière, qui fait regretter que cet opéra soit si rarement monté, en dehors du Danemark, révèle immédiatement l’ampleur et l’élégance de la gestuelle de ce chef trentenaire, récemment nommé chef principal de l’Orchestre Philharmonia et dont la coiffure fait penser à celle de Simon Rattle en plus jeune.
Le Concerto pour clarinette (2002) de Magnus Lindberg (né en 1958), présent dans la salle, offre une stimulante confrontation entre Jean-Luc Votano et l’orchestre au grand complet. Dans cet ouvrage d’un peu moins d’une demi-heure, et d’un seul tenant, le soliste se montre éblouissant, autant par la sonorité, toujours pure et claire, que par la virtuosité, particulièrement éclatante dans cette musique tantôt éruptive, tantôt lyrique. La direction lumineuse et pénétrante de Santtu-Matias Rouvali confère beaucoup de relief et de vitalité à cet ouvrage de choix pour un clarinettiste doté de solides capacités. Jean-Luc Votano trouve encore suffisamment de ressources pour remercier le public avec Hommage à M. de Falla de Béla Kovács.
Malgré de rares et furtives interventions plus imprécises, l’orchestre se hisse à un niveau de finition globalement élevé, à l’image de l’impeccable solo de clarinette qui ouvre la Première Symphonie (1899) de Sibelius, dont Santtu-Matias Rouvali livre une brillante interprétation, aux traits nets et coupants. Soucieux de dégager en toute transparence les lignes de force de la partition, le chef démontre que cette musique évoque encore Tchaïkovski tout en annonçant la future manière du compositeur. Il installe une atmosphère prenante et n’hésite pas à accentuer les contrastes pour insuffler de la vie et de l’élan à cette symphonie, tout en restant dans les limites de l’acceptable. Le ralentissement opéré dans la conclusion peut se discuter, mais ce choix interprétatif ne compromet aucunement la cohérence de cette exécution pensée en profondeur, les compétences de l’orchestre lui permettant de concrétiser ses intentions avec conviction. Les derniers accords sont fâcheusement gâchés par une poignée de spectateurs qui applaudissent prématurément.
Le public se voit remercier avec une Valse triste élégamment ouvragée, non exempte de maniérisme, toutefois, en particulier dans sa conclusion. Il s’agit d’un travers dans lequel ce chef épatant, assurément un grand de demain, risque de tomber souvent, s’il ne prend pas garde.
Le site de Jean-Luc Votano
Le site de l’Orchestre philharmonique de Tampere
Sébastien Foucart
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