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Péchés de jeunesse Verbier
Eglise
07/20/2019 -
Frédéric Chopin : Sonate pour piano n° 3, opus 58
Nikolaï Medtner : Sonate pour piano «Elégie», opus 11 n° 2
Serge Rachmaninov : Sonate pour piano n° 2, opus 36
Yoav Levanon (piano)
Du haut de ses 14 ans, Yoav Levanon ne manque pas d’aplomb ni de présence scénique. Avec Sergei Babayan dont il a suivi des classes de maître, le pianiste israélien a joué l’hiver dernier dans le cadre de la dixième résidence du Festival de Verbier au Schloss Elmau en Bavière. Aujourd’hui le festival suisse lui offre quasiment à l’ouverture de son deuxième quart de siècle d’existence un récital soliste à l’église, ceux de 16 heures où se pressent plus volontiers les vrais connaisseurs et dénicheurs de talents. Il est ainsi le plus jeune musicien à s’y produire en soliste cette année.
Allure à la Richard Clayderman avec une longue crinière et un brushing raccord avec un habit fantaisie très années soixante-dix, tout sourire et sachant comment mettre un public dans sa poche, ce jeune prodige ayant commencé sa carrière à l’âge le plus tendre propose un programme de pianiste plutôt mature. De fait, la Troisième Sonate de Chopin ne pose aucun problème technique à ces doigts véloces et effilés. Tout au plus peut on déplorer que certains phrasés soient un peu sacrifiés sur l’autel de l’effet. Péché de jeunesse! Au moins n’a t-il pas celui, plus redoutable, de vouloir tout jouer deux fois plus vite que ses concurrents... Original, le choix de la Sonate «Elégie» de Medtner même s’il passe un peu à côté de son indicible nostalgie. De même pour la dimension tragique de la longue Deuxième Sonate de Rachmaninov, dont il ne fait qu’une bouchée. «La campanella» de Liszt/Paganini, donnée comme bis, étude de concert à effets par excellence, souffre un peu d’effets surajoutés. Quittant son sérieux de bon élève, le jeune pianiste revient coiffé d’un petit trilby pour jouer avec force clins d’œil et autres racolages du public The Tom and Jerry Show, interminable boogie de la pianiste de jazz japonaise Hiromi Uehara. Public en délire! Péché de jeunesse mais on ne peut s’empêcher de penser que tant de facilités mériteraient d’être mieux canalisées et que ce très jeune pianiste accéderait à une maturité dont il a le potentiel entre les mains d’un mentor qui le mettrait sur les bons rails de la carrière. Le bruit court que Sergei Babayan a un œil sur lui... Puisse ce bon vent lui être favorable!
Olivier Brunel
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