Back
La jeune fille et le quatuor Paris Sceaux (Orangerie du Domaine départemental) 06/30/2019 - et 5 (Coulommiers), 8 (Paris) octobre, 10 (Chambéry), 20 (Valence), 25 (Arles) novembre, 14 décembre (Lorient) 2018, 27 (Saint-Omer), 29 (Metz) janvier, 5 (Aubusson), 28 (Saint-Brieuc) février, 25 (Gavaudun), 27, 28 (Saint-Michel-de-Chaillol) juillet, 29 novembre (Lunéville), 1er (Lons-le-Saunier), 3 (Besançon) décembre 2019, 4 février (Albertville), 13 mars (Lyon), 14 avril (Annecy), 4 août (Lanvollon) 2020 Daniel D’Adamo : Sur vestiges
Franz Schubert : Quintette à cordes, D. 956 Noémi Boutin (violoncelle), Quatuor Béla: Julien Dieudegard, Frédéric Aurier (violon), Julian Boutin (alto), Luc Dedreuil (violoncelle)
Fondé en 1969 par Alfred Loewenguth, le Festival de l’Orangerie de Sceaux fête donc cette année son demi-siècle. A partir de 1983, il a été animé par sa belle-sœur, Jacqueline Loewenguth: cette figure des étés scéens nous a quittés le 16 juin 2018 mais la continuité de la manifestation est assurée aujourd’hui par son directeur artistique, Jean-François Heisser. Du 22 juin au 21 juillet, il a convié, les vendredis, samedis et dimanches, outre une musicienne (Claire Désert) et un compositeur (Eric Tanguy) en résidence, des invité prestigieux, tels Nicholas Angelich, Henri Barda, Augustin Dumay, Gary Hoffman, Vanessa Wagner, le Trio Wanderer et le Quatuor Prazák.
Mais les étoiles montantes conservent une place de choix dans la programmation, à l’image du Quatuor Béla, constitué en 2006. La formation lyonnaise a commandé à Daniel D’Adamo (né en 1966) une musique destinée à être jouée avec le Quintette à cordes (1828) de Schubert. Avec Sur vestiges (2018), le compositeur argentin, ainsi que l’indique l’altiste Julian Boutin au public – beaucoup trop clairsemé mais particulièrement attentif tout au long du concert –, se réfère à un autre page schubertienne, La Jeune Fille et la Mort: le violoncelle solo de Noémi Boutin, tel Ophélie, dialogue avec le quatuor à cordes, représentant l’eau qui attire fatalement la jeune femme mais qui agit aussi comme un miroir.
D’Adamo intervient à deux reprises: essentiellement un long préambule d’un seul tenant (23 minutes), où les musiciens du quatuor sont disséminés sur la scène et dans la salle, formant comme un carré encadrant le violoncelle solo, mais aussi un court intermède s’enchaînant au final du Quintette... et conduisant à son Adagio, l’ordre originel des quatre mouvements se trouvant donc réaménagé selon une dramaturgie dont la nécessité ne paraît pas évidente. Quel défi que de se confronter à un tel chef-d’œuvre! A-t-il été relevé? D’Adamo, à tout le moins, ne s’abandonne pas à la facilité de la citation, du pastiche, de la référence ou même de l’allusion. Pour autant, on reste sceptique, au début, devant l’accumulation d’effets comme résultant de la lecture du catalogue des différents modes de jeu des instruments, avec ou sans archet (et y compris une pince à linge près du chevalet). Toutefois, à mi-parcours, l’animation du discours convainc davantage, avant une transition plutôt réussie vers le début de l’Allegro ma non troppo de Schubert.
J. Dieudegard, F. Aurier, J. Boutin, L. Dedreuil (© Jean-Louis Fernandez)
Parmi les ensembles français apparus ces dernières années, le Quatuor Béla est de ceux qui, comme les Diotima ou les Tana, s’impliquent considérablement dans la musique de notre temps. Rien de surprenant, dès lors, à ce que cette partition difficile d’exécution et de mise en place ne semble pas les tracasser outre mesure. A la fin du préambule, ils rejoignent lentement, sur la pointe des pieds, Noémi Boutin, qui demeure au centre: tous les cinq désormais réunis sur scène se retrouvent donc dans une disposition pour le moins inhabituelle pour interpréter Schubert, à savoir, de gauche à droite, le premier violon, le second violon, le second violoncelle, le premier violoncelle et l’alto. Cette configuration se révèle assez peu heureuse, mettant excessivement en avant l’alto et reléguant au centre ce qui fait pourtant la spécificité de ce Quintette, c’est-à-dire la paire de violoncelles.
Le parti pris interprétatif, tout à fait défendable et défendu avec constance tout au long des quatre mouvements, semble être de tourner résolument le dos à la dimension symphonique, crépusculaire, monumentale ou visionnaire souvent conférée à l’une des toutes dernières créations importantes de Schubert. Alors va pour une approche allégée, toute de simplicité et de fraîcheur, où les reprises sont limitées au strict minimum, où des tempi allants évitent tout risque d’errance dans les «divines longueurs» schubertiennes, où l’Adagio prend davantage le caractère d’un lied que d’une méditation métaphysique et où le caractère populaire de l’Allegretto final est clairement assumé. La performance – 75 minutes quasiment sans interruption – est peu banale, et l’on pourra donc mettre sur son compte les quelques aigreurs et problèmes d’intonation des violons.
Le site du Festival de l’Orangerie de Sceaux
Le site de Daniel D’Adamo
Le site de Noémi Boutin
Le site du Quatuor Béla
Simon Corley
|