About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Retraite active

Paris
Palais Garnier
06/22/2019 -  et 23*, 25, 26, 27, 28, 30 juin, 2, 3, 5, 6, 8, 9, 11, 12, 14 juillet 2019

Carmen

Mats Ek (chorégraphie), Rodion Chédrine (musique)
Marie-Louise Ekman (décors, costumes), Jörgen Jansson (lumières)
Eleonora Abbagnato/Amandine Albisson* (Carmen), Muriel Zusperreguy*/Séverine Westermann (M), Simon Le Borgne/Florian Magnenet*/ (Don José), Hugo Marchand*/Florent Melac (Escamillo), Adrien Couvez*/Takeru Coste (Gipsy), Alexandre Carniato/Aurélien Houette* (Capitaine)


Another Place
Mats Ek (chorégraphie), Franz Liszt (musique)
Peter Freiij (décors, costumes), Erik Berglund (lumières)
Aurélie Dupont*/Ludmila Pagliero, Stéphane Bullion*/Alessio Carbone (solistes)


Boléro
Mats Ek (chorégraphie), Maurice Ravel (musique)
Marie-Louise Ekman (décors, costumes), Erik Berglund (lumières)

Staffan Scheja (piano), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Jonathan Darlington (direction musicale)


M. Zusperreguy dans Carmen (© Ann Ray/Opéra national de Paris)


Mats Ek brise sa retraite précoce annoncée pour donner au Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP) une soirée entière avec deux créations et une reprise historique. On dit qu’Aurélie Dupont, directrice de la danse, qui, sortant de sa réserve directoriale a repris sur scène sa prérogative d’étoile, a beaucoup insisté auprès de Mats Ek pour qu’il revienne sur sa décision annoncée de ne plus créer ni de reprendre ses chorégraphies. Le résultat est efficace car le chorégraphe suédois a non seulement fait entrer au répertoire du BOP sa Carmen créée à Stockholm en 1992 mais donné deux créations, Another Place et Boléro.


La Carmen de Mats Ek immortalisée par sa muse et compagne la danseuse espagnole Ana Laguna, avec son décor en éventails géants, ses robes fluo et ses femmes à cigares (devenus avec le temps électroniques...), est une chorégraphie d’une grande intensité telle qu’on a pu la voir en France par le Ballet de l’Opéra de Lyon à qui Ek l’a concédée en 1998 avec Laguna et en 2004 avec Sylvie Guillem. Elle a le handicap d’être réglée sur la Carmen Suite de Rodion Chédrine, qui déstructure et surtout rend vulgaire la musique de Bizet. La chorégraphie qui suit cette partition déstructure aussi l’histoire mais on la connaît si bien que ce n’est pas un problème. Ouvrant la soirée, dans les ors du Palais Garnier, cette pièce semble avoir un peu fané et c’est dû en partie aux interprètes car la très gracieuse Amandine Albisson n’a pas le punch de ce personnage si ambigu et anguleux. De même Florian Magenet ne donne pas à José le charisme que lui donnait un Massimo Murru à Lyon. Muriel Zusperreguy (M, pour Micaëla, Mère et Mort) et l’Escamillo d’Hugo Marchand étaient les meilleurs atouts de cette Carmen mal réchauffée.



A. Dupont et S. Bullion dans Another Place
(© Ann Ray/Opéra national de Paris)



Le duo Another Place, la première des deux créations enchaînées de la soirée, fait le pendent à Place, créé en 2007 pour Ana Laguna et Mikhail Baryschnikov, et clôt (?) une série de duos mémorables réglés par le Suédois, tels Smoke (Sylvie Guillem/Niklas Ek) en 1995 pour la télévision, rebaptisé Solo for Two pour la scène, The Old Woman and the Door en 1991... Pour Another Place, Aurélie Dupont reprend sa place d’étoile et forme un couple bien assorti avec le très élégant Stéphane Bullion (ils alternent avec Ludmila Pagliero et Alessio Carbone). Les accessoires fétiches, table, lampe, tapis, sont toujours là, le propos tourne toujours autour du thème bergmanien des problèmes conjugaux. Cette fois Ek, comme beaucoup de chorégraphes invités à Garnier ne résiste pas à la tentation du plateau nu et du fond de scène qui s’ouvre sur le foyer de la danse. Une sensation de déjà beaucoup trop vu noie un peu cette pièce dans une banalité décevante.



Boléro (© Ann Ray/Opéra national de Paris)


De même, et c’est très salutaire, Mats Ek n’aura pas résisté comme beaucoup de chorégraphes de l’ère post-Béjart aux sirènes du Boléro de Ravel. Mais, toujours sur cette scène vidée le temps d’un précipité à vue, ce Boléro déçoit encore plus avec ses irruptions de bandes de vingt jeunes danseurs du BOP certes très toniques et motivés, le gag un peu potache d’un homme en costume clair remplissant tel Sisyphe avec des seaux d’eau une grande baignoire avant de s’y faire précipiter par les danseurs exaspérés (Niklas Ek, le frère de Mats, ex-danseur devenu comédien) et il faut bien le dire peu d’adéquation entre la chorégraphie et le rythme lancinant de la musique.


L’Orchestre de l’Opéra de Paris dirigé par Jonathan Darlington, qui avait commencé de façon tonique avec la tonitruante partition de Carmen de Chédrine/Bizet s’est alangui pour un Boléro un peu mou et guère rebondissant. La surprise musicale est venue de l’excellente interprétation du pianiste suédois Staffan Scheja de la Sonate en si mineur de Liszt, superbement maîtrisée, insufflant sa dynamique et ses couleurs tragiques aux danseurs.



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com