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Nabucco en vert et brun

Zurich
Opernhaus
06/23/2019 -  et 26*, 29 juin, 2, 5, 9, 12 juillet 2019
Giuseppe Verdi : Nabucco
Michael Volle (Nabucco), Benjamin Bernheim (Ismaele), Georg Zeppenfeld (Zaccaria), Anna Smirnova (Abigaille), Veronica Simeoni (Fenena), Stanislav Vorobyov (Il Gran Sacerdote), Omer Kobiljak (Abdallo), Ania Jeruc (Anna)
Chor der Oper Zürich, Zusatzchor des Opernhauses Zürich, Janko Kastelic (préparation), Philharmonia Zürich, Fabio Luisi (direction musicale)
Andreas Homoki (mise en scène), Wolfgang Gussmann (décors), Thomas Bruner (assistant aux décors), Susana Mendoza (costumes), Franck Evin (lumières), Kinsun Chan (chorégraphie), Fabio Dietsche (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


La dernière nouvelle production de la saison à Zurich est une affaire de direction. Ce sont en effet les deux responsables de l’Opernhaus, Andreas Homoki, intendant, et Fabio Luisi, directeur musical, qui tiennent les rênes de Nabucco, respectivement pour la réalisation scénique et la partie musicale. Mais le déséquilibre est patent : si la mise en scène laisse plutôt indifférent, l’exécution musicale suscite l’enthousiasme. Andreas Homoki a choisi de situer l’action du chef d’œuvre de Verdi au temps de sa création (1842), dans l’Italie du Risorgimento, comme en attestent les costumes opulents des protagonistes, dans différentes nuances de vert. Vert aussi comme la grande paroi mobile en marbre, qui est le seul élément du décor. La richesse de ces apparats contraste avec les vêtements nettement moins élaborés d’hommes et de femmes en brun et en beige. Le peuple italien sous la domination des Habsbourg, à l’instar des Hébreux sous le joug des Babyloniens, la transposition n’est pas nouvelle. Le contexte politique est doublé d’une histoire de famille : dès l’Ouverture, deux jeunes figurantes habillées à l’identique incarnent les sœurs Abigaille et Fenena, lesquelles jouent ensemble, souriantes et insouciantes, avant de se disputer les faveurs de leur père, Nabucco, puis l’amour d’Ismaele et enfin la couronne. A défaut d’être particulièrement novatrice et inspirée, la production est efficace et fluide, avec des mouvements de foule parfaitement réglés.


A la simplicité scénique font écho l’énergie et la fougue qui jaillissent de la fosse, si caractéristiques des premiers opéras de Verdi. A la tête du Philharmonia Zürich, Fabio Luisi livre une exécution musicale enflammée et nerveuse, constamment en alerte et très contrastée. Un Verdi des plus idiomatiques ! Dans le rôle-titre, Michael Volle rend justice à toutes les facettes du personnage, souverain orgueilleux et colérique, père attentionné et homme déchiré. Sa voix sonore et puissante confère noblesse et prestance à Nabucco, même si on peut regretter un manque de legato et d’italianité dans le timbre. Le même constat est valable pour le Zaccaria engorgé de Georg Zeppenfeld, qui est avant tout un spécialiste de Wagner. Annoncée indisposée, Anna Smirnova force constamment sa voix en Abigaille, avec des soucis d’intonation, quand bien même elle tente de nuancer son interprétation. Jamais le rôle n’a paru si meurtrier, vocalement parlant. Le duo d’amoureux tire son épingle du jeu, avec Benjamin Bernheim en Ismaele ardent et lumineux, et Veronica Simeoni en Fenena intense et émouvante. Mais Nabucco est avant tout un opéra de chœur : le célèbre « Va pensiero » que tout le monde attend est exécuté avec une superbe progression, allant des voix comme voilées des premières notes aux injonctions jubilatoires de la fin, qui se meurent dans un très long accord à peine audible.



Claudio Poloni

 

 

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