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Des chevaliers pas si preux Lausanne
Opéra
06/15/2019 - et 7 (Mézières), 11 (Vallorbe), 13 (Martigny), 16* (Lausanne), 18 (Nyon), 19 (Genève), 21 (Bulle), 22 (Cossonay), 23 (Renens), 27 (Saignelégier), 29 (Neuchâtel) juin, 1er (Russin), 3 (Ecublens), 5 (Château de Chillon), 6 (Orbe), 7 (Savigny), 9 (Cully), 10 (Bex), 12 (Aubonne) juillet 2019
Hervé : Les Chevaliers de la Table ronde (arrangement Thibault Perrine)
Jean-François Vinciguerra (Merlin), Laurène Paternò (Mélusine), Pierre Héritier (Duc Rodomont), Anne Sophie Petit (Angélique), Béatrice Nani (Duchesse Totoche), Hoël Troadec (Roland), Jean Miannay (Médor), Richard Lahady (Sacripant), Joé Bertili (Ogier le Danois), Joël Terrin (Lancelot), Bastien Combe (Renaud), Maxence Billiemaz (Amadis), Jean-Philippe Guilois (Fleur de Neige)
Ensemble instrumental de l’Opéra de Lausanne composé d’étudiants de la Haute Ecole de musique, Jacques Blanc (direction musicale)
Jean-François Vinciguerra (adaptation et mise en scène), Dominique Pichou (décors), Amélie Reymond (costumes), Denis Foucart (lumières), Jean-Philippe Guilois (chorégraphie et assistant à la mise en scène)
(© Alan Humerose)
2019 sera une année Hervé à Lausanne : après Mam’zelle Nitouche en janvier, l’Opéra présente Les Chevaliers de la Table ronde, considérée comme la première des grandes opérettes (1867) de celui qu’on surnomme le « compositeur toqué ». Voilà un joli pied de nez à l’heure où l’on fête le bicentenaire de la naissance de Jacques Offenbach, à l’ombre duquel le sieur Louis-Auguste-Florimond Ronger, alias Hervé, a vécu.
Même si les noms des personnages des Chevaliers de la Table ronde sont tous tirés de l’Orlando furioso de l’Arioste, nous sommes très loin de la légende du Roi Arthur. L’ouvrage est plutôt du genre vaudeville, et il faut bien dire que les portes claquent souvent dans l’imposant château médiéval en carton-pâte qui sert de décor au spectacle. L’intrigue est une parodie totale de la Table ronde, laquelle est inventée en cours de représentation. C’est l’esprit des Monty Python avant l’heure. Jean-François Vinciguerra a adapté l’ouvrage avec brio, en en renforçant le côté pastiche et absurde. Il joue lui-même le rôle de Merlin, enchanteur gâteux et responsable d’une entreprise de rénovation et de plâtrerie ; sa longue barbe blanche est sans cesse piétinée par les autres protagonistes. Laurène Paternò incarne sa rivale Mélusine, une magicienne qui vante ses mérites à la télévision et séduit par ses vocalises étourdissantes. Roland (Hoël Troadec) est un chevalier vaniteux et narcissique, préoccupé uniquement par son apparence. Le Sacripant de Richard Lahady est l’archétype du traître et du méchant. Sous ses airs aristocratiques, la Duchesse Totoche de Béatrice Nani ne se prive pas de cocufier son mari avec lui. Un mari Duc Rodomont de Mâchicoulis incarné par Pierre Héritier, qui n’a qu’une idée en tête : démasquer l’amant de sa femme. Et les preux chevaliers préfèrent prendre du bon temps auprès de Mélusine plutôt que servir le roi. Bons mots et verve musicale confèrent un rythme léger et enlevé au spectacle, pour le plus grand bonheur d’un public qui rit beaucoup.
Les Chevaliers de la Table ronde sont produits dans le cadre de la Route lyrique de l’Opéra de Lausanne, qui en est à sa cinquième édition. Tous les deux ans, un spectacle est présenté non seulement à Lausanne mais aussi dans les localités environnantes. Avec cette remarquable initiative, Eric Vigié, directeur de l’Opéra, entend d’abord mettre en avant de jeunes artistes talentueux de la région, qu’ils soient musiciens ou chanteurs, et dont certains sont encore aux études. En outre, il souhaite aller à la rencontre du public. Ainsi, Les Chevaliers de la Table ronde seront joués dans une vingtaine de lieux différents. Une quarantaine de personnes seront sur la route un mois durant, un peu dans l’esprit du théâtre de tréteaux, ce qui constitue un défi logistique de taille. Pour la première fois, la Route lyrique fera halte dans tous les cantons francophones de Suisse.
Claudio Poloni
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