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Méforme ou ratage?

Paris
Théâtre Marigny
06/07/2019 -  et 9, 10, 11, 12, 14, 15 juin 2019
Hervé : Mam’zelle Nitouche
Lara Neumann (Denise de Flavigny), Eddie Chignara (Le Major, comte de Château-Gibus), Antoine Philippot (Le directeur de théâtre), Damien Bigourdan (Célestin, Floridor), Samy Camps (Fernand de Champlâtreux), Olivier Py (Loriot, La supérieure, Corinne), Pierre Lebon (Gustave), David Ghilardi (Robert), Pierre-André Weitz (Le régisseur), Sandrine Sutter (La tourière, Sylvia), Clémentine Bourgoin (Lydie, Sainte-Nitouche), Ivanka Moizan (Gimblette)
Orchestre des Frivolités Parisiennes, Christophe Grapperon (direction musicale)
Pierre-André Weitz (mise en scène, décors, costumes et maquillage), Victoria Duhamel (assistante à la mise en scène), Pierre Lebon, Mathieu Crescence (assistants à la scénographie et aux costumes), Bertrand Killy (lumières), Iris Florentiny (chorégraphie), Yacnoy Abreu Alonso (assistant à la chorégraphie)


(© Frédéric Stéphan )


On se faisait une joie de découvrir cette production du Palazzetto Bru Zane qui a tourné à travers la France depuis sa création à Toulon fin 2017), avec une incursion à Lausanne en début d’année. C’est à Marigny, nouveau temple de la comédie musicale et de l’opérette, avec son rapport idéal entre la scène et le public, que l’on retrouve toute la troupe bien aguerrie après sa vaste tournée. Pour autant, on déchante vite devant l’avalanche de cabotinage et d’hystérie qui s’empare du plateau dès le début de la représentation. Dans son triple rôle, Olivier Py en fait des tonnes, composant une mère supérieure outrancière au verbe haut en couleur, une Corinne davantage travelo que cocotte (moquant brièvement Michel Fau et son interprétation de «Mon cœur s’ouvre à ta voix»), puis un Loriot davantage maîtrisé: peut-être qu’une instruction opportune a été donnée aux interprètes après l’entracte, tant le spectacle semble enfin gagner en équilibre. On sait Olivier Py bon comédien, bien éloigné de cette navrante caricature de lui-même.


Après la pause, la salle s’est suffisamment dégarnie pour démontrer que le compte n’y est pas, mais Py n’est pas seul en cause. D’emblée, Damien Bigourdan (Célestin, Floridor) agace tout autant avec son surjeu permanent et sa voix de tête maniérée qui lui donne des faux airs de Pierre-François Martin-Laval, l’ancien membre de la troupe comique Les Robins des bois. Plus grave, ces défauts se retrouvent également dans les parties chantées, avec un accent fort peu approprié. Ces défauts sont fort heureusement gommés dans le disque édité par le Palazzetto Bru Zane en 2017, qui ne comporte que les parties chantées. Un disque bref, d’environ 45 minutes, loin des 2 heures 20 que compte le spectacle avec un entracte.


Les autres interprètes masculins s’en sortent mieux, mais c’est surtout côté féminin que le spectacle trouve une excellente tenue, tout particulièrement grâce à l’interprétation radieuse de Lara Neumann (présente dans la précédente production mise en scène par Weitz en 2015 et 2016, Les Chevaliers de la Table ronde du même Hervé). Elle semble savoir tout faire, autant dans le répertoire de l’opérette en tant qu’associée à la troupe des Brigands depuis 2010, que comédienne remarquée au cinéma (La Fille de Brest d’Emmanuelle Bercot) comme au théâtre (La pièce Opéra Porno, jouée avec Flannan Obé notamment, a été récompensée par une nomination aux Molières 2019). Elle trouve toujours l’équilibre juste entre nécessités comiques et subtilité théâtrale, imposant sa parfaite diction et son aisance vocale avec beaucoup de naturel. A peine pourra-t-on lui reprocher quelques rares problèmes de justesse occasionnés par un positionnement de voix défaillant dans les accélérations. A ses côtés, on notera la prestation délicieuse de Clémentine Bourgoin (Lydie, Sainte-Nitouche), à la petite voix agile et élégante.


Que dire enfin de la mise en scène frustrante de Pierre-André Weitz, si ce n’est qu’elle brille par ses qualités habituelles, entre décors virtuoses, éclairages variés et costumes éclatants, pour mieux se vautrer dans un humour qui ne fait que rarement rire: qu’apporte en effet l’idée d’une représentation parodique et irrespectueuse, volontairement surjouée par une troupe de cirque? Rien sinon le surjeu évoqué et quelques chorégraphies mécaniques et répétitives. Weitz et Py ont-ils voulu souligner ainsi la minceur du livret? Il existe suffisamment d’ouvrages lyriques pour que nos deux sommités se tournent vers des livrets autrement mieux troussés au niveau dramatique. On espère que le prochain spectacle bouffe de Marigny, consacré, du 21 au 23 juin, à deux ouvrages en un acte de Barbier et Lecocq, sera autrement plus réussi. Le couple prévu, Obé-Neumann, s’avère on ne peut plus prometteur: réservez au plus vite!



Florent Coudeyrat

 

 

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