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Titanesque

Bratislava
Reduta
05/30/2019 -  et 31* mai 2019
Johann Sebastian Bach : Concerto pour piano n° 1 en ré mineur, BWV 1052
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 11 en sol mineur, «L’Année 1905», opus 103

Miki Skuta (piano)
Slovenská filharmónia, James Judd (direction musicale)


J. Judd (© Melinda Parent)


A quelques encablures de Vienne, la petite jumelle Bratislava n’en finit pas de séduire par le charme de son centre historique en grande partie préservé, disposant comme toute les villes de l’ancien Empire austro-hongrois d’un opéra et d’une salle de concerts symphoniques (la Redoute), tous deux construits à la fin du XIXe siècle. C’est précisément dans la Redoute (1915) que l’Orchestre philharmonique slovaque est en résidence depuis sa création en 1949 par Vaclav Tálich. Si le buste de l’illustre chef figure logiquement en place d’honneur dans l’escalier principal, on est également d’emblée impressionné par l’éclat des décorations néobaroques et des quelques rares détails d’inspiration Art nouveau. La forme en boîte à chaussure de la salle permet une résonance flatteuse sans excès, tandis que l’orgue en arrière-scène apporte une touche de modernité bienvenue à l’ensemble.


Le concert débute par le Concerto pour piano BWV 1052 de Bach interprété par le Slovaque Miki Skuta: son piano véloce et précis évite toute effusion, sans oublier quelques nuances bienvenues. On n’en attendait pas moins de ce pianiste méconnu en France, également attiré par le répertoire de jazz. A ses côtés, le chef principal du Philharmonique slovaque, James Judd (né en 1949), distille un accompagnement discret et allégé, volontiers classique. Plus analytique, la lecture déstructurée de l’introduction du deuxième mouvement laisse entrevoir une parenté inattendue avec son équivalent du Quatrième Concerto de Beethoven: la fin plus sereine donne à entendre un Skuta plus apollinien encore. Avec la fougue du dernier mouvement, Judd conclut l’œuvre en donnant une prééminence aux cordes aiguës, au détriment des graves, avant que le pianiste n’offre un bis au public, venu en nombre et visiblement ravi. Son toucher aérien fait là encore merveille dans le «Clair de lune» de Debussy.


Le plat de résistance arrive après l’entracte avec la Onzième Symphonie de Chostakovitch, qui n’avait plus été donnée par le Philharmonique slovaque depuis 1977: on avoue être très curieux d’entendre dans les conditions du direct le «son» de cet orchestre devenu l’un des promoteurs les plus ardents du maître russe sous la baguette de l’excellent Ľudovít Rajter – comme les disques publiés dans les années 1980 par quelques éditeurs «économiques» ont pu le prouver. Dès les premières mesures de la symphonie, le tempo lent et les attaques peu nerveuses ne permettent guère de jauger de la valeur de l’orchestre. James Judd choisit en effet d’opposer les climats en une lecture contrastée: à l’absence de tension des parties apaisées répond la fougue électrisante et sauvage des saillies verticales. Dès lors, on reste quelque peu sur sa faim en attendant les orages, tous très réussis au niveau interprétatif comme technique. On notera ainsi l’excellence des cuivres (hormis quelques attaques décalées de la trompette solo) et du pupitre de contrebasses, d’une noirceur saisissante.



Florent Coudeyrat

 

 

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