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Pastel et oscarwildien Paris Athénée - Théâtre Louis-Jouvet 05/16/2019 - et 30 avril, 2 (Fribourg), 22, 23*, 24 mai (Paris) 2019 Gerald Barry : The Importance of Being Earnest Alison Scherzer (Cecily Cardew), Steven Beard (Dr. Chasuble), Nina van Essen (Gwendolen Fairfax), Graeme Danby (Lady Bracknell), Timur (Jack Worthing), Ed Ballard (Algernon Moncrieff), Jessica Walker (Miss Prism), Vincent Casagrande (Lane, Merriman)
Orchestre de chambre fribourgeois, Jérôme Kuhn (direction musicale)
Julien Chavaz (mise en scène, décors), Séverine Besson (costumes, décors), Eloi Gianini (lumières), Nicole Morel (chorégraphie), Anne Schwaller (dramaturgie)
(© Magali Dougados)
Quelle chance pour Paris que cette coproduction du Nouvel Opéra Fribourg s’y soit arrêtée l’espace de quelques jours, avec L’Importance d’être Constant, un vrai bijou pastel et oscarwildien en diable!
Il est rassurant de constater qu’une création lyrique aujourd’hui peut encore ravir à ce point les spectateurs et même des scolaires, qui sont le public le moins exposé à l’opéra et à la création contemporaine. L’Irlandais Gerald Barry (né en 1952), déjà compositeur de quatre opéras tous sur des livrets au substrat littéraire solide, s’est emparé en 2010 de la «comédie triviale pour gens sérieux» L’Importance d’être Constant d’Oscar Wilde, qui, plus d’un siècle après sa création, remplit toujours les théâtres outre-Manche et a inspiré au cinq moins cinéastes. Il en a traduit, avec une petite formation composée principalement de cuivres, bois et percussions, toute la verve caustique, tout l’humour, toute la subtilité en une musique qui pétille de malice, se veut souvent parodique mais, même si elle fait penser dans l’exploitation de la vis comica à celle de Rossini, a ses propres rouages pour faire avancer l’action et exploiter le coup de théâtre final. L’Orchestre de chambre de Fribourg, dirigé par Jérôme Kuhn, excelle à traduire tout cela et le transmettre à la troupe de chanteurs, tous incroyables comédiens, dont les contorsions pourraient paraître excessives si elles n’étaient à ce point réglées sur la partition. Le rôle de Lady Bracknell, la tante irascible, est joué avec une verve toute britannique par une basse, l’excellent Graeme Danby. Ed Ballard et Timur sont parfaits dans leurs rôles de prétendants et les deux fiancées potentielles, Nina van Essen et Alison Scherzer, ne font qu’une bouchée des réelles difficultés vocales qui leurs sont réservées.
La production de Julien Chavaz, avec ses décors amovibles en tartan pastel assortis aux perruques et aux costumes, place l’action dans le monde de l’absurde et du grinçant avec une efficacité qui ne se relâche pas une seconde tout au long de l’heure et demie que dure ce charmant opéra-comique tendance bouffe qui, on l’espère, aura le mérite de faire mieux connaître l’œuvre de Gerald Barry de ce côté-ci de la Manche.
Olivier Brunel
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