About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un chef et des chanteurs pour la reprise de Tosca

Paris
Opéra Bastille
05/16/2019 -  et 19*, 22, 25, 29 mai, 1er, 5, 8, 11, 14, 19, 23 juin 2019
Giacomo Puccini : Tosca
Anja Harteros*/Martina Serafin/Sonya Yoncheva (Tosca), Vittorio Grigolo/Jonas Kaufmann/Marcelo Puente* (Mario Cavaradossi), Zeljko Lucic*/Luca Salsi (Il Barone Scarpia), Krzysztof Baczyk/Sava Vemic* (Cesare Angelotti), Nicolas Cavallier (Il Sagrestano), Rodolphe Briand (Spoletta), Igor Gnidii (Sciarrone), Christian Rodrigue Moungoungou (Un carceriere)
Maîtrise des Hauts-de-Seine/Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris, José Luis Basso (chef de chœur), Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris, Dan Ettinger (direction musicale), Pierre Audi (mise en scène), Christof Hetzer (décors), Robby Duiveman (costumes), Jean Kalman (lumières), Klaus Bertisch (dramaturgie)


Z. Lucic, A. Harteros (© Svetlana Loboff/Opéra national de Paris)


On sait depuis cinq ans que cette production de Pierre Audi n’apporte rien de neuf sur Tosca. Les symboles sont clairs, avec cette énorme croix écrasant les trois personnages pris dans le filet de la tragédie et rappelant que l’Etat policier repose sur la complicité de l’Eglise. Scarpia le tortionnaire lubrique, que fait jouir la souffrance des corps et des cœurs, n’oublie pas ses prières. La fin peut surprendre : loin de se jeter dans le vide, Tosca, qui donne au baron rendez-vous devant Dieu, quitte lentement le bivouac où gît le cadavre de Mario et marche vers la lumière. C’est le seul écart que s’autorise le metteur en scène, soucieux d’abord de raconter l’histoire et de coller à la vérité des personnages. Du bon travail, certes peu inventif, mais très efficace : bon ou méchant, victime ou bourreau, chacun reste à sa place, bien caractérisé, jusqu’aux petits rôles comme Spoletta, l’âme damnée de Scarpia. Une Tosca naturaliste, qu’aurait sans doute aimé Victorien Sardou.


Anja Harteros n’a rien de la diva tigresse, parfois assez mégère, qu’entretient une certaine tradition. Rien ne vient dévier une ligne souverainement maîtrisée, même les explosions de la jalousie, de la souffrance ou de la colère, rien ne vient dessouder une tessiture homogène sur ses deux octaves, rien ne vient abîmer un timbre dont la chair rend si sensuelle cette Tosca qui a de quoi faire chavirer Scarpia. La beauté du chant culmine dans une Prière de rêve, miroir de l’âme d’une Floria au port de reine, moins farouche que d’autres mais plus patricienne, d’une féminité frémissante. Second remplaçant de Jonas Kaufmann avec Vittorio Grigolo, Marcelo Puente, sans se situer tout à fait au même niveau, ne démérite pas, loin de là : belle voix à l’aigu solide, phrasé soigné, un Mario de classe, qui n’oublie pas de nuancer son « E lucevan le stelle » et ne hurle pas ses « Vittoria ! ». Aussi bon acteur que bon chanteur, Zeljko Lucic manque seulement un peu de noirceur dans le timbre et la perversité, si bien qu’on ne croit pas toujours à la cruauté du personnage. Mais se plaindra-t-on qu’il phrase son baron, qu’il ne l’éructe pas, qu’il le nuance ? Les rôles secondaires sont aussi bien tenus, tels le Sacristain de Nicolas Cavallier ou le Spoletta de Rodolphe Briand.


Pas de Tosca sans chef. La qualité de cette reprise ne tient pas moins à la magnifique direction de Dan Ettinger, à la fois narrative et descriptive, entretenant une sorte de suspense tout en créant des climats – le lever de soleil au début du troisième acte, par exemple. Il fait surtout chanter et respirer l’orchestre comme si les musiciens étaient des voix : il joue sur les timbres, la dynamique et l’agogique. On se rappelle alors que Puccini était aussi un maître de l’orchestre.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com