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Le Retour du Troll Toulouse Halle aux Grains 11/15/2001 - Jean Sibelius : Kullervo op. 7 Johanna Rusanen (soprano) ; Esa Ruutunen (baryton), Orchestre du Capitole, Chœur National d’Estonie, Leif Segerstam (direction) La première visite à Toulouse de Leif Segerstam, lors de la saison 1999/2000, avait laissé plutôt insatisfait par la faute, semble-t-il d’un temps de répétition insuffisant, et une interprétation de la 2° symphonie du même Sibelius en était restée au stade de promesse pas tout à fait tenue. Aussi, fondait-on beaucoup d’espoir sur le retour du Troll finlandais dans son terrain d’élection et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces espérances n’ont pas été déçues.
D'abord, ce concert aura permis d’entendre sonner l’orchestre du Capitole de façon particulièrement remarquable. Si l’on connait les qualités de finesse et de netteté des musiciens, on n’en attendait cependant pas un tel fondu des sonorités, une telle douceur des cordes, mais aussi une telle puissance sans dureté. On reconnaissait-là la pâte sonore typique des enregistrements de Segerstam avec son propre orchestre, la philharmonie d’Helsinki, auquel l’orchestre du Capitole peut dignement être comparé.
Cette douceur et ce dramatisme sans emphase étaient les qualités dominantes de la conception de Leif Segerstam, qui a su rendre avec beaucoup de délicatesse les moments les plus oniriques de la partition, sans jamais forcer les passages plus martiaux. Mais douceur ne signifie pas mollesse et, malgré des tempos assez retenus, la direction savait se montrer énergique aux bons moments.
La partie des chœurs, au rôle extrêmement important dans les passages chantés, était très brillamment tenue par le Chœur National d’Estonie, homogène, puissant, nuancé. Les solistes étaient plus inégaux ; si Johanna Rusanen a la voix aussi généreuse que la poitrine mais un timbre qui est loin d’égaler Karita Mattila, Esa Ruutunen a montré un tension constante dans les aigus et une certaine usure vocale.
Mais force est de constater que, malgré de très beaux instants et une atmosphère d’ensemble très prenante, Kullervo n’est pas, loin s’en faut l’œuvre la plus aboutie de Sibelius, qui l’avait d’ailleurs reniée. Dans ses compositions ultérieures le compositeur a su resserrer une narration ici un peu lâche, ce qui vaut quelques longueurs, et se défaire des emprunts particulièrement audibles dans le premier mouvement.
Le public ayant réservé un accueil exceptionnellement chaleureux à ce concert très réussi, ce qui semblerait montrer que les toulousains sont somme toute plus curieux qu’on ne se l’imagine souvent, on aimerait entendre à nouveau ce chef dans un répertoire plus ambitieux, pourquoi pas dans la Suite de Lemminkäinen, d’un intérêt musical plus constant.
Laurent Marty
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