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Les Passions de l'Âme Baroque Lille
Eglise Sainte-Catherine
11/03/2001 -
Marc-Antoine Charpentier : Médée
Michel Pignolet de Montéclair : Jephté
André Campra : Idoménée
Jean-Philippe Rameau : Les Boréades
Jean-Philippe Rameau : Hippolyte et Aricie
Christophe Willibald Gluck : Orphée et Euridice
(Extraits)
Cassandre Berthon (Créuse dans Médée, une Crétoise dans Idomenée, Alphise dans Les Boréades, Oenone dans Hippolyte et Aricie, Amour dans Orphée et Euridice),
Stéphanie d’Oustrac (Médée, Ilione dans Idomenée, Phèdre dans Hippolyte et Aricie, Euridice),
Paul Agnew (Jason dans Médée, Abdon dans Jephté, Idamante dans Idomenée, Hippolyte, Orphée),
Matthieu Lécroat (Jephté, Idoménée, Thésée dans Hippolyte et Aricie),
François Beaulieu (Narrateur),
Vincent Broussard (Conseiller dramaturgique),
Bertrand Cuiller (Clavecin, basse continue), Emmanuel Balssa (Violoncelle, basse continue), Anne-Marie Lasla (Viole, basse continue), Jonathan Cable (Contrebasse, basse continue),
Orchestre des Arts Florissants, William Christie, Direction musicale
Pour l’ouverture de sa 13ème édition, le Festival Mozart (crée à l’occasion de l’année du bicentenaire de la mort de Mozart mais qui a depuis élargi considérablement son répertoire, souvent de manière inventive) a fait un coup de maître en invitant les Arts Florissants et son chef William Christie pour un magnifique concert entièrement consacré à l’opéra baroque français, ses différentes époques et ses différents styles, partant de Charpentier pour arriver à Gluck qui amènera l’opéra sur de nouvelles voies. La réussite de ce spectacle réside dans le choix extrêmement judicieux des œuvres proposées, du choix des extraits les plus significatifs et de leur mise en lien par de courts textes décrivant et expliquant le style de l’interprétation telle qu’elle était enseignée aux XVIIème et XVIIIème siècles. Ces textes de Perrin, Lacépède, Bérard, Jean-Jacques Rousseau (Le Dictionnaire de la Musique) étaient lus, interprétés par l’excellent comédien qu’est François Beaulieu.
La réussite est totale également sur le plan musical. Qu’importe qu’il ne s’agisse que d’extraits en version de concert, la mise en espace de Vincent Broussard rencontre le talent des quatre chanteurs qui n’ont pas besoin de costumes pour incarner leur personnage. Paul Agnew n’a pas de rival dans le répertoire de haute-contre à la française, maîtrisant à la perfection un style qu’il a parfaitement assimilé (on a hâte d’entendre sa première Platée de Rameau lors de la prochaine reprise cet hiver au Palais Garnier) ; Matthieu Lécroat joue avec beaucoup de sincérité et sa brillante voix de basse aux graves solides séduit. Cassandre Berthon (qui remplaçait Malin Hartelius annoncée à l’origine) assure ses nombreux rôles avec aisance et une voix souple et de plus en plus colorée. Enfin Stéphanie d’Oustrac révèle une personnalité exceptionnelle associée à une voix qui ne l’est non moins ; elle impressionne particulièrement en une terrifiante Médée (son « Infidèle ! » donne la chair de poule) et en une douloureuse Phèdre. Tous ont une diction irréprochable et, sous la vigilance de William Christie certainement, donnent le meilleur d’eux même. Celui-ci dirige comme nul autre un des meilleurs orchestres baroques qui ne donne que des satisfactions, y compris dans les accompagnements des passages en récitatifs, moments où la tension dramatique est à son comble. On soulignera donc l’excellence de la basse continue.
Ce même programme inauguré à la Cité de la Musique le 26 octobre dernier (à ne pas manquer, la diffusion sur France Musiques lundi 19 novembre à 20 heures ! ) sera ultérieurement proposé à la Monnaie de Bruxelles, à l’Alte Oper de Francfort et au Théâtre de Caen (la «maison » des Arts Florissants !).
Le 13ème Festival Mozart poursuit quant à lui sa route ; on peut consulter son copieux programme (avec un cycle de musique baroque particulièrement développé) sur son site Internet remarquablement réalisé : www.festival-mozart.com
Christophe Vetter
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