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Une Flûte française

Paris
Opéra Bastille
04/27/2019 -  et 30 avril, 3*, 6, 9, 12, 15, 18, 21, 30 mai, 4, 7, 12, 15 juin 2019
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Zauberflöte, K. 620
Nicolas Testé (Sarastro), Julien Behr (Tamino), Martin Gantner (Sprecher), Tomislav Lavoie (Erster Priester), Vincent Delhoume (Zweiter Priester), Jodie Devos (Königin der Nacht), Vannina Santoni (Pamina), Chiara Skerath (Erste Dame), Julie Robard Gendre (Zweite Dame), Elodie Méchain (Dritte Dame), Florian Sempey (Papageno), Chloé Briot (Papagena), Mathias Vidal (Monostatos), Solistes des Aurelius Sängerknaben Calw (Drei Knaben), Martin Homrich (Erster geharnischter Mann), Luke Stoker (Zweiter geharnischter Mann), Solistes du Chœur d’enfants Aurelius de Calw (Drei Knaben)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, José Luis Basso (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Henrik Nánási (direction musicale)
Robert Carsen (mise en scène, lumières), Michael Levine (décors), Petra Reinhardt (costumes), Peter Van Praet (lumières), Martin Eidenberger (vidéo), Ian Burton (dramaturgie)


J. Behr, V. Santoni (© Svetlana Loboff/Opéra national de Paris)


Une forêt édénique, mais aussi un cimetière, avec Papagena surgissant d’abord d’un cercueil : La Flûte enchantée revue par Robert Carsen veut nous parler de la mort, qui inaugure le Singspiel mozartien par celle du serpent, avant que le jeune couple ne la brave au cours de ses épreuves initiatiques. D’où cette opposition entre les couleurs : Tamino et Pamina sont vêtus de blanc, les autres personnages de noir. Mais à la fin, réunis dans un idyllique tableau printanier, tous seront en blanc, y compris La Reine de la nuit et Monostatos : cette Flûte s’achève sur la vision d’une humanité réconciliée et renaissante, celle de la scène et celle de la salle – comme la forêt que l’on aura vu traverser les saisons. L’opposition entre le diurne et le nocturne, entre les figures du père et de la mère, était de toute façon assez factice, comme l’inversion des valeurs entre le premier et le second acte, où ce qui était obscur devient lumineux : Carsen veut « dépasser ces contradictions » et « concilier les oppositions dialectiques du livret ». C’est que « les enfants ignorent souvent ce que se disent les parents en leur absence ». Dont acte. Mais la production patine au premier acte et ne témoigne pas d’une grande inspiration : de la belle ouvrage, oscillant entre conte et rituel, agrémentée des pointes d’humour attendue – avec clin d’œil au célèbre monologue d’Hamlet au second acte. Rien de plus : on a connu Carsen plus inventif, plus dérangeant parfois. Que les personnages arrivent souvent par la salle ne change rien à la chose. Reste la beauté des lumières... et d’une vidéo qui, une fois n’est pas coutume, n’a rien de redondant.


On connaissait la production, inaugurée à Baden-Baden en 2013 et déjà présentée deux fois à Bastille (voir ici et ici). L’intérêt de la reprise résidait surtout en une distribution presque entièrement française, où l’on pouvait juger de la bonne santé d’une école de chant. Disons qu’on n’a été ni déçu ni comblé : il manque ici le je-ne-sais quoi qui fait les grands frissons. Un peu corseté dans son air d’entrée, Julien Behr incarne ensuite un Tamino à la jeunesse vaillante et stylée, à la tessiture homogène, un rien monolithique néanmoins. Truculent Papageno, Florian Sempey est vocalement magnifique... sauf quand, à force de déclamer le rôle, il ne le phrase plus – le célèbre « Der Vogelfänger bin ich ja » en perd même un peu de justesse, alors qu’on se régale du duo avec Pamina, une magnifique et lumineuse Vannina Santoni. C’est elle qui domine la distribution, par la qualité de la voix, le galbe du phrasé, les frémissements de l’interprétation – très beau « Ach, ich fühl’s ». Jodie Devos, en revanche, semble trop légère à Bastille : de la Reine de la nuit elle a les vocalises, le contre-fa à la bonne hauteur, mais pas la noirceur hystérique – sera-t-elle plus tard une Pamina ? Nicolas Testé est Sarastro par la chaleur du timbre et la beauté de la ligne : on regrette d’autant plus que ce sage patricien n’ait pas assez de profondeur dans le grave. Impeccable et comique Monostatos de Mathias Vidal, malgré une tessiture sans doute trop aiguë pour le rôle, non moins impeccable Récitant de Martin Gantner, mais la petite voix de la délicieuse Papagena de Chloé Briot se perd à travers l’espace de Bastille. Les Trois Dames satisfont moins, qui ont du mal à s’assortir.


Henrik Nánási ne dirige pas un cérémonial figé mais un Singspiel, où rien ne pèse ni ne pose : il est vif et fin, clair et coloré, porte les chanteurs et le chœur – en bonne forme. Pas vraiment de vision, mais il avance, plus que la production.



Didier van Moere

 

 

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