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Variations beethovéniennes

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
04/27/2019 -  
Ludwig van Beethoven: Sept Variations sur «Bei Männern, welche Liebe fühlen» de «La Flûte enchantée» pour violoncelle et piano, en fa majeur, opus 66 – Sonate pour violon et piano n° 7 en ut mineur, opus 30 n° 2 – Trio avec piano n° 7 en si bémol «A l’Archiduc», opus 97
Nicholas Angelich (piano), Pierre Fouchenneret (violon), Yan Levionnois (violoncelle)


P. Fouchenneret, N. Angelich, Y. Levionnois (© Claude Doaré)


Le vingt-troisième festival de Pâques de Deauville présente cette année neuf concerts selon la formule qui a fait sa spécificité dans le panorama musical français depuis ses débuts et son succès: des programmes équilibrés comportant des classiques du répertoires de musique de chambre, des pièces plus rares et souvent une œuvre du vingtième siècle, le tout interprété par des artistes confirmés mettant le pied à l’étrier de plus jeunes se destinant à la carrière et à des dates jouant habilement avec les dates des vacances scolaires, des week-ends et des ponts du mois de mai.


Le cinquième concert était ainsi consacré tout d’abord à une œuvre peu jouée de Ludwig van Beethoven (1770-1827): ses variations sur «Bei Männern, welche Liebe fühlen» de La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart, pour violoncelle et piano (1797). Il s’agissait d’une sorte de mise en bouche mais le début fut hésitant et le violoncelle de Yan Levionnois d’une justesse toute relative dans les aigus avait quelque mal à s’imposer face au piano surpuissant de Nicholas Angelich, cofondateur du festival. Le tout ne manquait pas d’une élégance toute viennoise, mais vraiment d’humour.


Avec la Septième Sonate (publiée en 1803) du même Beethoven, dédiée à l’empereur Alexandre Ier de Russie et remplaçant au dernier moment la Dixième prévue initialement au programme, on suivait la chronologie avant le Trio opus 97 dédié cette fois à l’archiduc d’Autriche. On retrouvait le superbe piano de Nicholas Angelich, à la technique impressionnante mais presque plus brahmsien que beethovénien, sculptant le son comme Rodin le marbre. Pierre Fouchenneret, d’une grande probité et peut-être plus dans le ton de l’œuvre notamment dans l’Adagio cantabile, pouvait paraître comme tenu à distance par ce piano... impérial.


La seconde partie confirmait les impressions antérieures. Consacrée à l’incontestable chef-d’œuvre de la soirée, le Trio «A l’Archiduc» (1811), une merveille d’écriture et d’équilibre, elle était à nouveau marquée par un Steinway massif, aux basses profondes et moelleuses mais trop imposant malgré tout le soin apporté par Nicholas Angelich, probablement démesuré pour la salle et les œuvres interprétées. Un spectateur, à la sortie, parla de concerto pour piano; il n’avait pas complètement tort. Les cordes se stimulaient mutuellement à côté et essayaient de résister, parvenant à déployer un chant éperdu dans les variations du troisième mouvement, faisant ainsi oublier la pluie qui s’était abattue sur la toiture de la salle durant le deuxième. Cela respirait et l’on avait à l’évidence affaire à des artistes inspirés, dotés sans conteste d’une belle musicalité et d’une extrême sensibilité mais à la cohérence stylistique perfectible. Manque de répétitions? Dans le dernier mouvement, on put entendre le crin de l’archet de Pierre Fouchenneret s’écraser à l’occasion sur les cordes et Yan Levionnois manquer parfois de justesse, les toutes dernières mesures étant un tantinet brinquebalantes mais il faut convenir que le joyeux tourbillon final ne manquait pas de panache. Il emportait malgré tout un public heureusement nombreux.



Stéphane Guy

 

 

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