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Première française pour Legrenzi

Versailles
Château
04/13/2019 -  et 8, 10, 12, 14, 16 février (Strasbourg), 1er, 3 (Mulhouse), 9 (Colmar), 20, 22, 24, 26, 27 (Nancy) mars, 14* avril (Versailles) 2019
Giovanni Legrenzi : La divisione del mondo
Sophie Junker (Venere), Carlo Allemano (Giove), Julie Boulianne (Giunone), Jake Arditti (Apollo), Soraya Mafi (Cintia), Rupert Entiknap (Mercurio), Paul-Antoine Benos Djian*/Christopher Lowrey (Marte), Stuart Jackson (Nettuno), Andre Morsch (Plutone), Arnaud Richard (Saturno), Alberto Miguelez Rouco (Discordia), Ada Elodie Tuca (Amore)
Les Talens Lyriques, Christophe Rousset (direction)
Jetske Mijnssen (mise en scène), Herbert Murauer (décors), Julia Katharina Berndt (costumes), Bernd Purkrabek (éclairages)


(© Klara Beck)


La tournée française de la nouvelle production de La Division du monde (1675) de Legrenzi s’achève sous les ors de Versailles, alors que la grande maison vient de dévoiler une saison 2019-2020 truffée de pépites, principalement du répertoire baroque: outre les rares Grétry, Cavalli, Leclair, Destouches ou Desmarest, Laurent Brunner donnera une place aux compositeurs plus connus, tels que Rameau, Bach, Haendel ou Monteverdi. En attendant, place à la création française de La Division du monde, l’ouvrage de Giovanni Legrenzi (1626-1690) qui obtint le plus de succès. On se reportera utilement au compte rendu strasbourgeois d’une représentation donnée avec un plateau vocal identique, si l’on excepte le rôle de Mars, tenu alors par Christopher Lowrey.


Le chanteur états-unien est remplacé à Versailles par l’excellent Paul-Antoine Benos Djian, qui se distingue parmi les contre-ténors à force d’agilité et d’aisance sur la toute tessiture, en une parfaite projection. A ses côtés, Sophie Junker compose une Vénus impressionnante de sensualité, bien en voix et engagée, même si l’on note quelques approximations techniques dans le positionnement de l’aigu. Elle est vivement applaudie en fin de représentation, à l’instar de la Junon toute de rondeur dans l’émission et de caractère de Julie Boulianne. Si Carlo Allemano (Jupiter) a toujours pour lui des phrasés d’une noblesse éloquente le timbre est malheureusement de plus en plus terne. Rien de tel pour la superbe Diane de Soraya Mafi, dont la clarté d’expression et la pureté du timbre ravissent à chaque intervention. Outre un superlatif Arnaud Richard (Saturne), on notera encore la prestation lumineuse d’Ada Elodie Tuca dans son court rôle d’Amour. Tous les autres rôles assurent bien leur partie, donnant ainsi au spectacle une remarquable homogénéité vocale, le tout accompagné du bondissant et toujours excellent Christophe Rousset – volontiers facétieux avec ses cheveux teints aux couleurs rousses des Dieux contemporains.


On est plus réservé en revanche sur le livret de Giulio Cesare Corradi, qui tourne quelque peu en rond autour des amours contrariées des différents dieux. Le titre trompeur est rapidement évoqué lorsque les trois frères Jupiter, Neptune et Pluton, se partagent le monde entre terre, ciel, mer et enfers: n’est-ce pas là une allusion au nécessaire éloignement des concurrents, tous amoureux de Vénus dans cette mascarade carnavalesque? Quoi qu’il en soit, le livret préserve le mélange vénitien attendu entre tragique et comique, dans la lignée de Monteverdi et Cavalli, tandis que Legrenzi alterne airs et récitatifs, tous très courts. Malgré cela, les deux premiers actes enchaînés apparaissent bien longs: n’était-il pas possible de prévoir un entracte après chacun des deux premiers actes?


On conclura en évoquant rapidement la mise en scène de Jetske Mijnssen (déjà accueillie à Versailles voilà deux ans avec l’Orfeo de Rossi), qui transpose l’action dans le cadre d’une famille italienne bling-bling et désœuvrée, dans un climat étrange proche du film Théorème de Pasolini. C’est plutôt bien vu au début, mais beaucoup trop répétitif sur la durée au niveau visuel, et ce d’autant plus que la scénographie unique pendant tout le spectacle n’arrange rien. On notera toutefois quelques bonnes idées, comme celle de ridiculiser les deux frères Neptune et Pluton, grimés en jumeaux, ou encore de présenter Apollon comme un solitaire tenté par l’extase mystique – en contrepied à son entourage libertin.



Florent Coudeyrat

 

 

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