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Apocalypse joyeuse

Paris
Philharmonie
04/03/2019 -  et 4* avril 2019
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 22, K. 482
Gustav Mahler : Symphonie n° 7

Kristian Bezuidenhout (piano)
Orchestre de Paris, Daniel Harding (direction)


D. Harding (© Orchestre de Paris)


Il commence mal, le dernier concert de l’Orchestre de Paris. Daniel Harding dirige assez sèchement un Vingt-deuxième Concerto de Mozart que Kristian Bezuidenhout semble parfois jouer plutôt en pianofortiste. Quoi qu’il en soit, cette sonorité courte, ce jeu sans couleurs, sans conduite de la phrase, ennuient très vite, malgré de jolies nuances et une certaine légèreté de touche. On préfère de beaucoup, mais c’est bien tard, l’Allemande de la Suite KV 399 donnée en bis, très poétiquement ciselée.


Quand commence la Septième Symphonie de Mahler, ce Mozart est déjà oublié. La plus singulière, sans doute, des neuf, la moins directement accessible. Un étrange « Chant de la nuit », où rôdent des ombres inquiétantes, où la forme semble se diluer, l’harmonie traditionnelle se dissoudre, les timbres constituer parfois d’insolites associations – on souligne souvent la modernité prophétique de la partition. Mais cette musique reste rigoureusement construite, même si le final se cherche un peu.


Daniel Harding, justement, souligne, exalte ces ruptures, à travers une lecture à la virtuosité presque névrotique, du premier mouvement, inauguré par un Tenorhorn magnifique – comme tous les solistes d’un orchestre survolté. Là où d’autres cherchent l’unité, lui ose l’éclatement, très maîtrisé il est vrai, voire l’écartèlement, tout en veillant à une parfaite fluidité des lignes et des plans. Certains ont sans doute trouvé ici trop de clarté dans les couleurs, comme si la direction ne voulait pas aller jusqu’au bout de la noirceur de l’œuvre, pour éclairer un peu la nuit, où un Klemperer, un Barbirolli se montraient jadis presque effrayants, osant des lenteurs à l’opposé des tempos de l’Anglais. Il n’empêche : une angoisse sourde traverse la première Nachtmusik, plus encore le Schattenhaft central, valse de spectres hagards, cauchemar anticipant à sa façon La Valse de Ravel. La Sérénade de la seconde Nachtmusik, aux sonorités subtilement distillées par la harpe, la guitare et la mandoline, avec un côté Webern avant l’heure, perd cependant tout caractère viennois, ce qu’on peut d’ailleurs regretter. Directement enchaîné, le final à l’ut majeur trompeur, cravaché comme une course à l’abîme, boucle la boucle et confirme l’impression première : cette Septième, pour Harding, est une apocalypse joyeuse.



Didier van Moere

 

 

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