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La probité musicale Paris Les Nocturnes de Laude 03/30/2019 - Olivier Messiaen: Thème et Variations
Johannes Brahms: Sonate pour violon et piano n° 2 en la majeur, opus 100
César Franck: Sonate pour violon et piano en la majeur
Maurice Ravel: Tzigane Michaël Seigle (violon), Camille Belin (piano)
M. Seigle (© artyfan)
Affluence aux Nocturnes de Laude, lieu dédié à la promotion des jeunes artistes, où se produisaient la pianiste Camille Belin et le violoniste Michaël Seigle.
Créé en 1932 par le compositeur et son épouse la violoniste Claire Delbos, à qui l’œuvre est dédicacée, le Thème et Variations d’Olivier Messiaen met en confiance. On admire la lecture de cette œuvre ardue techniquement mais qui n’est pas inoubliable dans le catalogue du musicien ornithologue.
Des trois Sonates pour violon et piano, cette page que Brahms écrit l’été 1886 au bord du lac de Thoune, en Suisse, dans une retraite paisible nourrie de nature, est sans conteste la plus lumineuse, la plus fraîche. Camille Belin et Michaël Seigle en donnent une version touchante, simple, presque épurée. On goûte les mélodies spontanées du premier mouvement, le chant lyrique du deuxième – entrecoupé à plusieurs reprises par les épisodes dansants, fantasques et capricieux à souhait, remarquablement menés – et le rayonnement du troisième, à peine teinté de mélancolie. Rien ne vient alourdir le discours de cette œuvre souriante et cordiale.
La même impression règne dans la Sonate de Franck, cheval de bataille des chambristes qui la transforment parfois en concerto pour piano avec violon obligé. Tout n’est que respect du texte, des nuances et des tempi, dans une atmosphère fervente et passionnée. Les deux interprètes ne cèdent pas à la tentation d’une virtuosité débridée, hystérique mais au contraire la servent par une pensée profonde et expressive.
Tzigane de Ravel, qui clôturait le programme, donne l’occasion à Michaël Seigle de montrer sa brillante maîtrise de l’instrument et joue magnifiquement le jeu entre parodie et profondeur, avec notamment des choix de tempi très contrastés. Camille Belin soutient solidement l’équilibriste sur son fil...
En bis, la Vocalise de Rachmaninov, si simplement déclamée, enchante un public nombreux et chaleureux.
Comme nous l’avions déjà remarqué lors du Concours international Cziffra, en novembre 2018, dont la pianiste obtient le Premier Prix au sein du Duo Neria avec la violoncelliste Nathalie Colmez-Collard, Camille Belin est avant tout une chambriste. Et ceci pour deux raisons simples qui tiennent à l’usage des pédales. Econome avec la pédale de résonnance, ce qui lui confère une grande clarté dans son jeu, elle utilise abondamment l’una corda dans un souci constant de dosage et de couleurs afin de ne jamais couvrir son partenaire malgré un piano ouvert dans un espace relativement réduit. A ceci nous lui reconnaissons une justesse de style, un équilibre dans son discours, émouvant et éloquent.
Sur ce Nicolas Lupot du début XIXe, Michaël Seigle obtient des sons lumineux, clairs, chaleureux et ambrés quand il le faut. La musique se fait de la manière la plus naturelle qui soit avec toujours le souci de la simplicité. De belles respirations, des démanchés expressifs lui donnent un jeu attachant.
Christian Lorandin
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