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Traitement royal! Versailles Opéra royal 03/29/2019 - et 16, 17 novembre 2018 (Biarritz), 14, 15 (San Sebastián), 19 [*] (Pamplona), 21 [*] (Bilbao), 24 (Sevilla) février, 23, 24 (Antwerpen), 30, 31 [*] mars (Versailles), 5, 6 (Vichy), 19, 20 (Bordeaux) avril, 21 (Wolfsburg), 25, 26 mai (Reims), 1er, 2 juin, 7, 8, 9 août (Biarritz) 2019, 4, 5, 6, 7 juin 2020 (Versailles) Marie-Antoinette Thierry Malandain (chorégraphie), Joseph Haydn (musique)
Malandain Ballet Biarritz
Euskadiko Orkestra Sinfonikoa, Mélanie Levy-Thiébaut (direction musicale) [*]
Jorge Gallardo (costumes et décors), François Menou (création lumières)
(© Olivier Houeix)
Comme prélude à son 250e anniversaire (1770-2020), le château de Versailles a commandé au chorégraphe Thierry Malandain, qui s’y est déjà illustré avec Cendrillon en 2013 et La Belle et la Bête en 2015, un ballet illustrant la vie de la souveraine Marie-Antoinette.
Il faut souligner d’emblée les conditions luxueuses accordées au chorégraphe pour cette création dont les représentations en tournée ne bénéficieront pas. La scène du plus beau théâtre français, l’Opéra royal du château de Versailles, et un orchestre symphonique dans la fosse, c’est plus que royal! Comme substrat musical, Thierry Malandain a privilégié Joseph Haydn, avec un choix très subtil qui est une de ses constantes: les symphonies du cycle illustrant les heures du jour mais aussi La Chasse et, comme intermède, Gluck avec la «Danse des esprits bienheureux» pour illustrer la maternité tant attendue de la Reine après sept années de mariage non consommées pour raisons «techniques», un des moments les plus émouvants du ballet où le couple royal danse avec une poupée articulée. A la tête de l’Orchestre symphonique d’Euskadi qui a assuré la création à San Sebastián en février, Mélanie Levy-Thiébaut imprime une énergie communicative à cet ensemble basque dont ce n’est pas le répertoire le plus habituel.
Thierry Malandain a dû restreindre l’ambition du projet, le personnage étant complexe et son histoire chargée, à quelques facettes de la personnalité de Marie-Antoinette. La pièce est très bien découpée en quatorze séquences illustrant les principales étapes de sa vie mais insistant sur la protectrice des arts, artiste elle-même, plus que sur les épisodes scabreux de son règne. Il n’a pas pu esquiver la fin tragique résumée en un dernier tableau («A mort l’Autrichienne!») avec une foule en noir, qui n’est pas le plus réussi de l’ensemble. Mais les quatre-vingts minutes que dure le ballet baignent dans une grâce, une joie de danser, une fluidité qui en font, grâce au surtitrage qui éclaire le contenu des épisodes et à des costumes évocateurs, un récit très lisible à l’aide d’un vocabulaire néoclassique (néobaroque parfois) et qui, sans aucune longueur,
illustre tout à fait l’itinéraire de cette personnalité complexe.
Dans un décor unique, très dépouillé de Jorge Gallardo avec au début l’utilisation d’un cadre immense pour limiter espace et temps, le Malandain Ballet Biarritz met en valeur la danse des quelques solistes qui figurent les personnages principaux. On admire la grâce de Claire Lonchampt dans le rôle-titre tout en regrettant que l’évolution de son personnage ne se ressente pas plus dans sa danse et son expression. Miyuki Kanei a beaucoup de piquant en Comtesse du Barry. Les hommes se tirent mieux de leurs personnages, tant Frederik Deberdt en Louis XV que Mickaël Conte en Dauphin puis Louis XVI et l’excellent Raphaël Canet en Fersen.
Olivier Brunel
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