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L’OSR dans son pré carré...

Geneva
Victoria Hall
03/27/2019 -  
Claude Debussy: Jeux – Fantaisie pour piano et orchestre
Igor Stravinsky: Symphonie en trois mouvements
Paul Dukas: L’Apprenti sorcier

Jean-Frédéric Neuburger (piano)
Orchestre de la Suisse romande, Jonathan Nott (direction)


J. Nott (© Volker Beushausen)


L’Orchestre de la Suisse romande (OSR) et son directeur musical donneront deux programmes, un franco-russe et un autre qui sera donné demain à Genève avec de la musique austro-allemande lors d’une tournée en Asie qui va les mener en Chine, à Séoul puis au Japon, pays où il faut rappeler que le directeur musical de l’Orchestre symphonique de Tokyo n’est autre que... Jonathan Nott.


Après trois Rings wagnériens complets et deux soirées avec le Barbe-Bleue de Bartók sous la direction de Susanna Mälkki, on ne pourra pas dire que l’OSR version 2019 choisisse la facilité avec ces deux programmes exigeants, chargés et de styles différents. Mais ceci est le risque à assumer pour challenger et faire progresser cet ensemble comme Jonathan Nott nous l’avait expliqué en septembre dernier.


L’aisance des musiciens de l’OSR dans la musique française est une réalité. Dans Jeux de Debussy, bois et cordes s’équilibrent avec beaucoup de naturel. Les tempi plutôt mesurés du chef anglais permettent aux motifs de rebondir de pupitre à pupitre, d’établir une atmosphère pleine de poésie et de nous rappeler que sommes bien en train d’écouter de la musique de ballet. La mise en place et le recherche de timbres novateurs sont de grande qualité dans cette pièce si exigeante techniquement. Comme dans l’enregistrement qu’ils ont réalisé, l’originalité de ce chef-d’œuvre est éclatante.


Œuvre écrite durant son passage à Rome, la Fantaisie pour piano n’a pas la même modernité. Le deuxième mouvement (Lento e molto espressivo) est une page inhabituellement sentimentale pour du Debussy tandis que l’introduction aux notes répétées du troisième Allegro molto évoque la Symphonie sur un chant montagnard français de Vincent d’Indy. Mais le Debussy que nous connaissons commence à apparaitre dans premier mouvement (Andante ma non troppo - Allegro giusto), en particulier dans sa conclusion avec des couleurs orchestrales qui vont trouver leur aboutissement dans Pelléas et Mélisande. Mèche en bataille et les mains dans les poches, Jean-Frédéric Neuburger arrive à son piano d’un pas un peu nerveux. Une fois installé devant son clavier, le pianiste français impressionne par sa palette sonore et la beauté de son phrasé. La conception du chef et de son soliste est de privilégier une approche concertante de cette œuvre et de ne pas chercher avant tout à en faire un véhicule de virtuosité ou de le traiter comme un concerto classique. L’œuvre en ressort ainsi grandie et finalement Debussy a-t-il peut-être eu tort de ne pas plus reconnaître cette pièce de jeunesse.


En bis, Jean-Frédéric Neuburger donne les Huitième et Neuvième des Préludes de Chopin. Si son premier bis est superbe par sa conduite de ligne, le second, de façon surprenante, souffre d’un excès de pédale et de quelques petits accrochages, comme si tout d’un coup, le pianiste pensait à autre chose. Mais il ne faut pas s’arrêter à cela, les artistes ne sont pas des machines et on espère revoir à Genève rapidement un tel talent.


Stravinsky est bien évidement le compositeur le plus associé à la longue histoire de l’OSR. Jonathan Nott a déjà programmé Le Sacre du printemps et Pétrouchka avec son orchestre. Il faut à nouveau souligner l’élégance et la clarté de la direction du chef. Les attaques sont franches et il pousse ses musiciens à donner une splendeur sonore. Certains passages comme le début du premier mouvement ou le finale (Con moto) sont assez réussis mais par moments, l’orchestre manque un peu du tranchant que demande la musique de Stravinsky. Les violoncelles ont un petit peu de flottement dans le premier mouvement et la mise en place de certaines pages manque de clarté aux bois. Ce sont des petits détails qui se régleront lors de la tournée par plus de pratique et qui doivent être le reflet de la quantité de musique que l’orchestre a eu à travailler pour ces deux programmes.


En final de cette première soirée, L’Apprenti sorcier de Dukas est une friandise dont on se régale. L’orchestre retrouve un tissu harmonique proche de celui de Jeux de Debussy. Les musiciens s’amusent et le chef raconte une histoire avec sourire et gourmandise qui enflamme la salle.


La saison 2019-2020 de l’OSR a été annoncée. C’est un très bon cru. Les quelques chevaux de bataille que l’orchestre avait tendance à surprogrammer ne sont pas là. Jonathan Nott, très présent, se concentrera sur une série de compositeurs: Britten, Chostakovitch. Beethoven, anniversaire oblige sera présent avec les Quatrième et Neuvième Symphonies dirigées par Nott ainsi que le Concerto pour violon sous la baguette et l’archet de Leonidas Kavakos. Yann Robin sera la compositeur en résidence. Strauss sera également célébré avec la Symphonie alpestre sous la direction de Bertrand de Billy et Asmik Grigorian, grand triomphatrice du concert du centenaire de la saison passée, reviendra chanter les Quatre derniers lieder avec Nott. C’est une saison qui comporte plus de challenge, plus de modernisme, une saison ambitieuse au meilleur sens du terme.


La saison 2019-2020 de l’OSR



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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