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Une solide formation Tournai
Musée de la Tapisserie
03/16/2019 -
Arthur Honegger: J’avais un fidèle amant, H. 74 – Pâques à New-York, H. 30
Leos Janácek: Quatuor n° 1 «Z podnětu Kreutzerovy sonáty»
Franz Schubert: Der Tod und das Mädchen, D. 531 – Quatuor n° 14 «La Jeune Fille et la Mort», D. 810
Marie-Christine Helbois (soprano)
Quatuor Ludwig: Sébastien Surel, Manuel Doutrelant (violon), Padrig Faure (alto), Anne Copery (violoncelle)
Le Quatuor Ludwig (© Etienne Charbonnier)
La dix-septième édition des Voix intimes de Tournai se poursuit. Après le Quatuor Borodine, ce festival consacré au quatuor à cordes a invité le Quatuor Ludwig pour l’avant-dernier concert, qui se tient dans l’auditorium du Musée de la Tapisserie, idéal pour ce répertoire. Le programme préparé par cette formation créée en 1985 respect le thème choisi cette année : les liens entre le quatuor et la littérature, que le texte soit destiné à être chanté, récité ou simplement lu.
Le concert débute avec une très courte pièce d’Honegger, J’avais un fidèle amant (1929), variations sur une chanson populaire du Morvan. Cette plaisante entrée en matière introduit une autre œuvre de lui, un cycle de trois mélodies intitulé Pâques à New York (1920), avec le concours de Marie-Christine Helbois. L’écoute de cette musique digne d’intérêt suscite quelque frustration, due principalement au volume insuffisant de la voix, trop couverte par les cordes, alors que la chanteuse possède de toute évidence une tessiture et un timbre appropriés pour la mélodie française. Aussi, l’interprétation ne se révèle pas assez équilibrée et transparente pour totalement nous charmer. Le choix de commencer avec Honegger demeure judicieux compte tenu de l’importance de ce compositeur en fin de compte rarement joué, en particulier ces trois beaux Quatuors que le Quatuor Ludwig, dans une autre configuration, a enregistrés pour Timpani.
La première partie continue avec le Premier Quatuor «La Sonate à Kreutzer» (1923) de Janácek, inspiré par un roman de Tolstoï. Les interprètes restituent avec beaucoup de conviction la dramaturgie de cette œuvre de conception très narrative. Ils le jouent intensément et en accusant les contrastes, ce qui confère à cette musique tout à la fois son âpreté, sa douceur, sa violence et son lyrisme. Cette exécution puissamment expressive se caractérise par des tempi très resserrés, parfois bousculés, la prestation s’achevant sur une détente bienvenue et réussie.
La seconde partie bascule dans le dix-neuvième siècle, avec le Quatorzième Quatuor (1824) de Schubert. Marie-Christine Helbois revient au préalable pour chanter le lied (1817) que le compositeur a repris en le variant dans le deuxième mouvement de son avant-dernier quatuor. De façon assez étonnante, la voix sonne, cette fois, plus perceptiblement, dans une meilleure balance avec les instrumentistes. Le quatuor, quant à lui, bénéficie d’une exécution bien construite et très expressive, un engagement sans faille au détriment parfois de la précision et surtout de la subtilité – le mouvement lent paraît un peu trop anguleux. Il ne s’agit pas de la sonorité de quatuor la plus raffinée et homogène qui soit, ce qui s’explique, du moins en partie, par un léger déséquilibre en défaveur de l’alto et de la violoncelliste, tous deux, du reste, admirables de probité. Le bis, l’Andantino du Quatuor de Debussy, confirme les qualités d’expression de cette solide formation.
Après ce concert, les organisateurs convient le public et les musiciens autour d’un verre de Moinette ou de jus d’orange. Le prochain rendez-vous est fixé au samedi 30 mars, aux Maisons romanes : le Quatuor Scaldis interprétera Il tramonto de Respighi ainsi que des lieder de Schubert et de Strauss transcrits pour quatuor à cordes.
Le site du Quatuor Ludwig
Sébastien Foucart
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