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Une pièce de répertoire

Amsterdam
Nationale Opera en Ballet
03/06/2019 -  et 8, 10* mars 2019
Győrgy Kurtág : Fin de partie
Frode Olsen (Hamm), Leigh Melrose (Clov), Hilary Summers (Nell), Leonardo Cortellazzi (Nagg)
Radio Filharmonisch Orkest, Markus Stenz (direction musicale)
Pierre Audi (mise en scène), Christof Hetzer (décors et costumes), Urs Schönebaum (lumières), Klaus Bertisch (dramaturgie)


F. Olsen (© Ruth Walz)


Des cinq opéras présentés par l’Opéra national néerlandais dans son quatrième Opera Forward Festival (OFF ‘19) (voir ici), gageons que Fin de partie de Győrgy Kurtág (né en 1926) est celui qui restera comme une pièce de répertoire.


Créé le 15 novembre 2018 à la Scala de Milan, l’œuvre fut d’abord une commande pour le Festival de Salzbourg, jamais livrée à temps. La mise en scène, d’abord pensée pour Luc Bondy, en avait été confiée à Pierre Audi, alors directeur artistique de l’Opéra néerlandais et du Holland Festival. C’est tout naturellement que l’ex-directeur l’a inscrit dans cet OFF ‘19 dont il nous a semblé être la pièce maîtresse tant par l’adéquation de la musique à l’adaptation par Kurtág du texte français de Samuel Beckett – Fin de partie est sa deuxième pièce, créée en 1957, écrite en français avant d’être adaptée en anglais pour sa création à Londres – que par la rigueur de sa mise en scène et de la direction d’acteurs de Pierre Audi, qui n’a pas cherché à s’écarter de l’esprit de cette pièce si singulière aux didascalies extrêmement précises. Sans aller jusqu’à évoquer «un monde désert, dévasté et apocalyptique», le décor de Christof Hetzer donne une impression lugubre et d’ennui avec juste une petite maison et les fameuses deux poubelles.


On ne cesse de constater que le langage mélodique lyrique des opéras composés en français depuis un siècle ne s’éloigne jamais vraiment de ceux de Debussy, Ravel et Berg. Dans Fin de partie, c’est une évidence et même si la partition orchestrale porte la patte rythmique de Kurtág, l’utilisation de combinaisons savantes entre cuivres et percussions, la fragmentation des groupes instrumentaux, l’influence d’Alban Berg est très présente, notamment celle du découpage séquentiel de Wozzeck. C’est cependant une magnifique partition à laquelle a rendu justice l’Orchestre philharmonique de la Radio néerlandaise, dirigé avec beaucoup d’enthousiasme par le chef allemand Markus Stenz. L’écriture, à 91 ans, de ce qui est son premier opéra est beaucoup plus humaine, dense, sensuelle, que la sécheresse de sa musique avant-gardiste du siècle dernier.


Les admirateurs puristes du Prix Nobel de littérature Samuel Beckett pourront objecter à la mise en musique d’un texte dont les silences font partie intégrante de l’écriture. Il est néanmoins certain que la musique habille très habilement le temps de cette série de monologues qu’elle humanise autant que ses personnages, donnant souvent un relief inattendu à l’humour caustique des dialogues.


Les quatre interprètes – Frode Olsen, immense Hamm au timbre si charnu, Hilary Summers (Nell), Leonardo Cortellazzi (Nagg) et Leigh Melrose (Clov) – chantaient un français tout à fait compréhensible, avec une petite réserve pour le dernier, le texte passant parfaitement la rampe, ce qui n’était pas le cas pour Girls of the Golden West d’Adams. Magnifique et fort spectacle dont on espère qu’il est appelé à une belle carrière mondiale.



Olivier Brunel

 

 

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