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Dans son arbre généalogique

Tournai
Maison de la culture
02/23/2019 -  
Dimitri Chostakovitch: Quatuors n° 2, opus 68, et n° 5, opus 92
Igor Stravinsky: Trois Pièces pour quatuor à cordes

Quatuor Borodine: Ruben Aharonian, Sergei Lomovsky (violon), Igor Naidin (alto), Vladimir Balshin (violoncelle)


Le Quatuor Borodine


« Cordes vocales ! » : avec ce joli jeu de mots, la dix-septième édition des Voix intimes de Tournai explore les liens entre le quatuor et la voix, lorsque ce genre quitte la musique pure pour devenir plus évocateur avec le support d’un argument littéraire, chanté ou sous-entendu dans le titre de l’œuvre. Toutefois, le troisième concert de ce festival entièrement consacré au quatuor à cordes affiche une proximité moins immédiate avec ce thème.


Fondé en 1945, connu sous le nom de « Quatuor philharmonique de Moscou » durant ses dix premières années, remanié à plusieurs reprises jusqu’à aujourd’hui, le Quatuor Borodine compte parmi les plus réputés et les plus anciens encore en activité. Cela n’étonne donc pas que la Salle Lucas de la Maison de la culture soit presque totalement remplie, malgré l’exigence du programme, qui s’inscrit dans l’arbre généalogique de cette formation. Le Deuxième Quatuor (1944) et le Cinquième Quatuor (1952) de Chostakovitch, compositeur dont les Borodine ont laissé plusieurs enregistrements de référence, nécessitent, en effet, beaucoup de concentration de la part du public, non seulement pour pénétrer au cœur de la pensée musicale complexe de leur auteur, mais aussi pour apprécier le travail très approfondi des interprètes à sa juste valeur.


Le quatuor affiche un niveau impressionnant de maîtrise technique et de tenue stylistique, avec, pour commencer, deux violonistes qui s’expriment parfaitement à l’unisson – quel excellent primarius que l’imperturbable Ruben Aharonian, en fonction depuis 1997. Remplaçant, en 2007, l’iconique Valentin Berlinsky, membre de cette formation presque depuis ses débuts, Vladimir Balshin suscite l’admiration par la beauté de la sonorité, la finesse de la dynamique et la justesse de l’expression. Le violoncelliste montre l’étendue de ses capacités tout en se fondant dans l’ensemble où jouent tout aussi admirablement les impeccables Igor Naidin à l’alto et Sergei Lomovsky au second violon.


De durée à peu près équivalente, les deux quatuors retenus évoluent dans un registre expressif finalement assez proche. Il aurait peut-être fallu retenir pour la seconde partie une œuvre plus extravertie, voire explosive – le célèbre Huitième par exemple – afin de conférer plus de contrastes à ce programme. Mais il serait déplacé de se plaindre. Ces interprétations décantées, voire ascétiques, se révèlent fort denses et parfaitement mises en place, tandis que la sonorité, très raffinée, au détriment, parfois, du ton âpre que cette musique appelle souvent, confirme la place que ce quatuor occupe parmi les meilleurs.


La capacité des musiciens à varier les climats et à passer de l’un à l’autre avec le plus parfait naturel procure une intense satisfaction. En outre, l’exécution de ces œuvres de conception quasiment symphonique – le Cinquième paraît sans doute familier à ceux qui connaissent la Dixième – repose sur de solides fondations. Les idées s’enchaînent logiquement, avec un luxe de détails qui n’appartient qu’aux plus grands. Entre les deux quatuors, et avant la pause, le Quatuor Borodine exécute de manière, comme il se doit, sèche et pince-sans-rire, les Trois Pièces (1914) de Stravinsky et prend congé du public avec l’Elégie de Chostakovitch.


Le prochain concert se tiendra le samedi 16 mars, cette fois au Musée de la Tapisserie. Avec la soprano tournaisienne Marie-Christine Helbois, le Quatuor Ludwig interprètera deux œuvres de Honegger, J’avais un fidèle amant et Pâques à New York, le Second Quatuor « Lettres intimes » de Janácek et le Quatorzième Quatuor « La Jeune Fille et la Mort » de Schubert.


Le site du Quatuor Borodine
Le site des Voix intimes



Sébastien Foucart

 

 

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