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Les Frivolités parisiennes décidément en forme

Paris
La Nouvelle Eve
02/11/2019 -  et 7 (Compiègne), 12 (Paris) février 2019
Paul Misraki : Normandie
Mylène Bourbeau (Betty), Marion Tassou (Barbara), Caroline Michel (Margaret), Sandrine Buendia (Catherine), Caroline Roëlands (La mère du pasteur), Amélie Tatti, Tiphaine Chevallier, Servane Brochard, Olivia Pfender (Les jeunes filles), Guillaume Paire (Roland), Pierre Babolat (Georges), Guillaume Beaujolais (Petit Louis), Halidou Nombre (Victor), Guillaume Durand (Pasteur), Jeff Broussoux (Jim), Denis Mignien (Ralph), Richard Delestre (John)
Orchestre des Frivolités parisiennes, Patrick Laviosa (piano, direction)
Christophe Mirambeau (mise en scène), Casilda Desazars (scénographie et costumes), Fouad Souaker (lumière), Caroline Roëlands (chorégraphie), Bernard Martinez (vidéo)




La Nouvelle Eve serait-elle devenue le nouvel écrin choyé par les amateurs de comédie musicale? Deux ans après avoir présenté Un soir de réveillon de Raoul Moretti (voir ici), la salle délicieusement kitsch et habituellement dédiée aux revues de cabaret accueille la recréation de l’une des opérettes les plus fameuses des années 1930: Normandie de Paul Misraki (1908-1998).


Parmi les grands fleurons de l’industrie navale française figure à cette époque le paquebot éponyme: le plus grand au monde à sa mise en service en 1935, de quoi flatter la fierté hexagonale. Surfant sur la notoriété de cet événement, Paul Misraki compose dès l’année suivante une opérette en deux actes, avec pas moins d’une douzaine de comédiens-chanteurs: un hommage au gigantisme du paquebot? La création aux Bouffes-Parisiens nous rappelle combien Offenbach savait lui aussi judicieusement profiter de l’actualité : La Vie parisienne créé en 1866 n’était-elle pas une carte postale rêvée pour l’ensemble des visiteurs de l’Exposition universelle parisienne de 1867, avides des plaisirs licencieux de la capitale? Quoiqu’il en soit, cet opportunisme n’empêche pas d’écrire de la bonne musique, ce que les auditeurs de la Nouvelle Eve ont pu constater lundi soir, pour l’une des deux représentations parisiennes données après la création au Théâtre impérial de Compiègne, l’institution à l’origine de cette résurrection, avec Christophe Mirambeau.


Comme nous avions pu le constater avec Azor (1932), récemment monté à l’Athénée avec d’anciens membres des Brigands, la comédie musicale des années 1930 mêle différentes influences: Misraki va plus loin encore et convoque le jazz, bien sûr (avec la présence insolite de la batterie dans l’adaptation ici réalisée), tout autant qu’une variété infinie de musiques de son temps, du tango à la samba. D’où l’impression constante d’une musique toujours inventive et d’une bonne humeur communicative, particulièrement bien orchestrée par un compositeur qui fait carrière autant dans le cinéma que la chanson, avec Ray Ventura, Brassens, Montand, Salvador et tant d’autres. Il revient au librettiste et cinéaste Henri Decoin, plus connu en tant qu’époux de Danielle Darrieux, l’écriture de l’excellent livret, aux réparties finement ciselées avec le parolier André Hornez: la chanson humoristique «Ca vaut mieux que d’attraper la scarlatine», où l’ensemble des protagonistes y va de son couplet à tour de rôle, n’est-elle pas l’un des grands succès de l’ouvrage, encore connu de nos jours?


Les extraits disponibles sur le site de référence de la comédie musicale permettent de considérer combien l’équipe de Ray Ventura, à l’origine de la création, tourne davantage l’ouvrage vers une gouaille parisienne facile, là où Les Frivolités parisiennes jouent davantage sur un savant dosage entre l’expression d’un chant harmonieux et l’efficacité théâtrale attendue. Si l’on excepte les accélérations où l’on tend parfois l’oreille afin de bien saisir le sens de chaque répartie, la soirée permet de découvrir des interprètes au niveau homogène, tous admirablement engagés au service de la production. Ainsi de la lumineuse Sandrine Buendia (Catherine), dont chacune des interventions est un ravissement, tant le rôle de vamp lui va comme un gant. L’aisance vocale, d’une souplesse confondante dans l’émission, n’est pas en reste, de même que les autres interprètes féminines, toutes au niveau.


Les qualités vocales sont plus disparates côté masculin, tout en proposant un niveau théâtral plus percutant en comparaison. Il est vrai que la mise en scène efficace de Christophe Mirambeau s’attache à caractériser chaque personnage avec une attention millimétrée, tout en ajoutant un jeu avec les lettres du mot «paquebot» pour figurer d’autres mots révélateurs des différents états d’âme. On mentionnera enfin un superlatif Orchestre des Frivolités parisiennes, conduit de main de maître depuis le piano par l’excellent Patrick Laviosa, décidément inspiré par les huis clos maritimes après l’écriture de sa comédie musicale Panique à bord, montée au Vingtième Théâtre voilà déjà douze ans.



Florent Coudeyrat

 

 

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