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Une grande démonstration de musique Versailles
Chapelle royale
02/09/2019 - et 10* février 2019
Claudio Monteverdi : Vespro della Beata Vergine, SV 206 et 206 bis
Lea Desandre, Eva Zaïcik (sopranos), Lucile Richardot (alto), Olivier Coiffet, Emiliano Gonzalez Toro, Zachary Wilder (ténors), Nicolas Brooymans, Renaud Bres, Geoffroy Buffière (basses)
Pygmalion, Raphaël Pichon (direction)
Bertrand Couderc (création lumières)
R. Pichon (© Manuel Braun)
Deux ans après ses concerts de 2017, Raphaël Pichon vient de diriger deux soirées versaillaises magistrales avec les Vêpres de la bienheureuse Vierge de Monteverdi à la tête d’un ensemble superlatif. Il poursuit ainsi l’exploration du grand répertoire spirituel dans le cadre exceptionnel de la chapelle royale du Château de Versailles: après les Passions de Bach et avant la Messe en si mineur en mars, il a donné une grande démonstration de musique mise en perspective avec les Vêpres de Monteverdi.
Le plus extraordinaire de ce concert est d’avoir réussi à donner à cette œuvre assez fragmentée et protéiforme une unité inouïe. Presque pas d’ajout, un Pater noster au début, chanté par un célébrant et les voix de basses comme une messe nocturne qui commencerait dans l’obscurité d’un couvent, des alléluias finaux et aucune interruption, même pendant les déplacements des solistes, du chœur, du chef même car le concert était spatialisé avec des effets de répons et de relief saisissant. John Eliot Gardiner, dans son concert historique de 1989 en la basilique Saint-Marc de Venise, avait poussé loin cette spatialisation avec des effets sonores à l’époque jamais entendus (DVD Archiv Produktion). Pichon et Versailles semblent revendiquer cette filiation puisque c’est Gardiner qui l’a invité au Festival Bach de Leipzig pour diriger ces Vêpres et que Versailles reprend dans son programme les commentaires sur l’œuvre de Gardiner qui les y a dirigées à trois reprises. Les éclairages de Bertrand Couderc ajoutent à la théâtralité de l’œuvre, passant du noir complet aux teintes blanche, bleue (plus blafarde que mariale) et dorée, très chaude et la plus adaptée à la splendeur du lieu.
Les troupes de Raphaël Pichon, l’Ensemble Pygmalion (chœur et orchestre), sont aujourd’hui ce que l’on a de mieux en France pour défendre ce répertoire à un niveau superlatif. Pichon a réussi à leur donner une sonorité que l’on reconnaît d’emblée et qui n’a jamais été aussi belle que lors de ces concerts. Les solistes réunis étaient tous magnifiques et méritent tous des éloges pour ces soirées, qui sont retransmises intégralement par la chaîne internet Medici.tv.
Olivier Brunel
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