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Une influence lisztienne Paris Hôtel Le Marois - Fondation France-Amériques 01/14/2019 - Franz Liszt : Années de pèlerinage (Première année. Suisse), S. 160: «La Vallée d’Obermann», «Au bord d’une source» et «Orage» – Nuages gris, S. 199
Claude Debussy : Préludes (Premier Livre): 3. «Le Vent dans la plaine», 5. «Les Collines d’Anacapri», 6. «Des pas sur la neige» et 7. «Ce qu’a vu le vent d’Ouest» – Images (Seconde Série): 3. «Poissons d’or» – L’Isle joyeuse Véronique Bonnecaze (piano)
V. Bonnecaze
Véronique Bonnecaze donnait un récital dans le magnifique salon central de l’Hôtel Le Marois pour la présentation de son dernier disque, consacré à Debussy.
Si l’on considère plus volontiers l’influence de Chopin sur Debussy – dont il se réclamait, d’ailleurs, et dont son catalogue témoigne: Préludes, Etudes, un «Clair de lune» qui pourrait être un Nocturne, une Isle joyeuse qui pourrait être la Barcarolle et tant d’autres idiomes pianistiques de résonnances, de pédalisation, de trilles, d’acoustique –, celle de Liszt, notamment dans le choix de la pianiste, nous apparaît tout aussi éclairante.
Véronique Bonnecaze phrase les états d’âme d’Obermann, premier héros de la génération romantique dans l’œuvre de Senancour, construit les épisodes tour à tour sereins et houleux de cette confession lisztienne dans toute sa profondeur. «Au bord d’une source», que Debussy entendit jouer par Liszt en 1886 à la Villa Médicis, plus incisive que contemplative, amenait un «Orage» très réussi, à couper le souffle. «Nuages gris», avec de belles couleurs, nonobstant son titre, très pénétrant, ouvre le champ vers les horizons modernes. Musique raréfiée mais intensément expressive, page guère jouée en concert, si bien exprimée par Véronique Bonnecaze que l’on peut remercier d’en avoir percé le mystère.
L’on retrouve la connivence de Véronique Bonnecaze avec l’œuvre de Debussy et la maîtrise qu’elle y déploie. Trouvant à chacun des Préludes le ton et les impressions justes, notamment un «Vent d’Ouest» saisissant, cas extrême de tension et d’âpreté dans l’écriture debussyste, des «Poissons d’or» que n’aurait pas désavoués Ricardo Vines, L’Isle joyeuse rondement menée, claironnante et lumineuse, la pianiste offrait en bis un «Clair de lune» de toute beauté suivi dans l’extase par un public conquis.
Véronique Bonnecaze dut déployer tout son professionnalisme et son talent pour apprivoiser un Bechstein récent mais mal préparé, claquant, impersonnel, aux rondeurs quasi inaccessibles, difficile à jouer et bien loin de l’idée que l’on a des sonorités de cette marque prestigieuse si chère à Debussy. Elle n’en eut que plus de mérite!
Le site de Véronique Bonnecaze
Christian Lorandin
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