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Mendelssohn et Schumann : le Gewandhaus sur ses terres

Paris
Philharmonie
01/22/2019 -  et 20 (Hamburg), 27 (München), 29 (Wien) janvier 2019
Felix Mendelssohn : Ouverture «Ruy Blas», opus 95 – Symphonie n° 4 «Italienne», opus 90
Robert Schumann : Symphonie n° 2, opus 61

Gewandhausorchester Leipzig, Andris Nelsons (direction)


A. Nelsons (© BBC/Chris Christodoulou)


L’Italien Riccardo Chailly l’avait inondé de lumière latine. Le Letton Andris Nelsons assombrit les couleurs du Gewandhaus. Sa Quatrième Symphonie de Mendelssohn tranche ainsi sur toute une tradition et peut surprendre dès l’Allegro vivace initial, qui revisite celui qu’on a si souvent présenté comme le classique du romantisme et associé à une facilité presque superficielle – ne rappelons pas ici les méchancetés de Debussy. Nelsons l’annexe au romantisme allemand le plus profond, le plus mystérieux, en fait le frère plus que l’antithèse de Schumann, avec un Saltarello final lorgnant presque vers quelque Nuit de Walpurgis. Orchestralement, c’est magnifique. Evidemment, le Gewandhaus... Le chef le tient d’une main de fer, ne laissant rien au hasard – on pense à Neeme Järvi dirigeant le National une semaine avant. Pas un détail, pas un contrechant ne lui échappe, l’équilibre entre les pupitres est parfait. Il bâtit très rigoureusement son interprétation, avançant toujours, avec une maîtrise parfaite des enchaînements. La densité de la pâte sonore contribue aussi à maintenir une tension que d’autres, dans cette Italienne, ont au contraire tendance à relâcher – l’Andante, ainsi, baigne dans un clair-obscur ambigu. On l’aura compris : Nelsons renouvelle notre vision de la célébrissime symphonie, dont la clarté est devenue obscure.


Donnée au début du concert, l’Ouverture Ruy Blas laissait présager tout cela. Entre les deux œuvres, la Deuxième Symphonie de Schumann – un programme très Gewandhaus, comme celui de la veille... Nelsons semble y voir le combat de l’ombre et de la lumière, en soulignant la dimension dialectique – dans le développement du premier mouvement, par exemple, où il joue beaucoup sur le rythme. Le Scherzo, ensuite, ne s’alourdit jamais : la densité, chez lui, peut s’allier à la légèreté virtuose – quel orchestre ! L’Adagio touche au sublime, par sa concentration, son intériorité douloureuse, la maîtrise, comme toujours, presque implacable de la forme, le refus presque austère de l’effet alors que Schumann met ici son cœur à nu. Le jubilatoire Allegro molto vivace, le plus difficile sans doute, atteint à l’unité grâce à la rigueur que lui impose une direction très construite, qui en canalise l’effervescence jusqu’à l’apothéose des dernières mesures où réapparaît la fanfare du début. Bref, son Schumann est plus orthodoxe que son Mendelssohn.



Didier van Moere

 

 

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