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Le son de Leipzig

Paris
Philharmonie
01/21/2019 -  et 19 (Hamburg), 24 (Luxembourg), 26 (München), 28 (Wien) janvier 2019
Felix Mendelssohn : Meeresstille und glückliche Fahrt, opus 27
Robert Schumann: Concerto pour piano et orchestra en la mineur, opus 54 – Symphonie n° 3 “Rhénane” en mi bémol majeur, opus 97

Hélène Grimaud (piano)
Gewandhausorchester Leipzig, Andris Nelsons (direction)


H. Grimaud


Directeur musical de l’Orchestre symphonique de Boston, Andris Nelsons a également pris, depuis le mois de février 2018, la tête de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, succédant ainsi à l’Italien Riccardo Chailly. Pour leurs deux concerts donnés à Paris en ce mois de janvier dans le cadre d’une tournée européenne, l’accent a été mis sur deux compositeurs emblématiques du romantisme allemand en la personne de Felix Mendelssohn (1809-1847), qui fut lui-même le chef de cette vénérable phalange de 1835 à sa mort, et Robert Schumann (1810-1856).


Ce qui frappe sinon d’emblée, du moins après l’ouverture de Mendelssohn justement (la rarissime Mer calme et heureux voyage, 1828), c’est le son de l’orchestre de Leipzig. Si, pour aller vite, la Staatskapelle de Dresde frappe par ses sonorités mordorées ou le Philharmonique de Berlin par sa puissance, Leipzig est avant tout un orchestre d’une clarté sublime. L’Adagio qui débute l’ouverture permet d’entendre des cordes d’une cohésion et d’une netteté qui n’imposent rien à l’auditeur mais qui, bien davantage, suggèrent un climat, en l’occurrence doucement rêveur. Les bois sont également d’une finesse tout en nuances, étincelants sans être trop brillants, préférant visiblement une certaine réserve à un jeu trop démonstratif, y compris au début de la deuxième partie Molto Allegro e vivace. La douce relance des sept contrebasses effectuée par les deux bassons offrit à cet égard un superbe passage avant que l’œuvre ne se poursuive dans un climat totalement jubilatoire.


Etrangement peut-être, c’est également l’orchestre qui nous aura frappé dans le Concerto pour piano et orchestre de Schumann qu’on aurait parfois pu davantage qualifier de Concerto pour orchestre et piano. Car si Hélène Grimaud a donné une interprétation extrêmement propre mais ô combien lisse de l’œuvre, comment ne pas avant tout admirer le véritable panache de l’orchestre dans ses tutti au cours du premier mouvement? Andris Nelsons, qui veilla à éviter de trop grands décalages avec la soliste au début du concerto (Hélène Grimaud ayant tendance à trop user d’un rubato qui, en une ou deux occasions, fut véritablement rattrapé par le chef letton), conduisit l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig avec une fougue enthousiasmante. Le deuxième mouvement fut le plus réussi, sans doute parce que la soliste, déployant un jeu tout en délicatesse et sans épanchement inutile, manifestait là une réserve qui convenait mieux à l’atmosphère souhaitée. Dommage en revanche que l’Allegro vivace n’ait pas été plus enlevé, Hélène Grimaud ne donnant à aucun moment l’impression de s’amuser avec une participation beaucoup trop monochrome alors que l’orchestre manifesta au contraire élans, touches colorées, interventions vives qui répondaient davantage à ce qu’on pouvait attendre. En dépit d’une ovation attendue, Hélène Grimaud n’offrit aucun bis, gardant une attitude distante (en apparence du moins) jusqu’au bout: dommage...


En seconde partie, et avant les Deuxième et Quatrième Symphonies qui devaient être jouées lors du second concert, Andris Nelsons dirigea la fameuse Troisième Symphonie de Schumann, dite «Rhénane». Si le premier mouvement se distingua là aussi par un véritable panache, c’est surtout le deuxième (Scherzo. Sehr mässig) qui fut remarquable, la générosité sonore des violoncelles puis des cors dispensant par ailleurs une élégance naturelle admirable. On pourra peut-être regretter un troisième mouvement un rien indolent mais après, quel quatrième mouvement! Justement intitulé Feierlich (solennellement), le choral de cuivres (en particulier les trois trombones) fut d’une plénitude et d’une majesté enivrantes, nous renvoyant le temps de quelques mesures à une symphonie d’Anton Bruckner, qui avait d’ailleurs également qualifié Feierlich misterioso le premier mouvement de sa Neuvième Symphonie. Le dernier mouvement fut enlevé par Nelsons avec une fougue communicative, l’ensemble de l’orchestre lui répondant comme un seul homme: voici un mariage qui fonctionne, à n’en pas douter!


Le site d’Andris Nelsons
Le site d’Hélène Grimaud
Le site de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig



Sébastien Gauthier

 

 

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